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Relever les défis du quotidien quand on est malvoyant ou aveugle

Découvrez les différents parcours de vie de Lucette, Frédéric et Landry. Tous trois ont fait appel à l’association Valentin Haüy qui, depuis 130 ans, accompagne les personnes déficientes visuelles dans les étapes de leur existence.

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Découvrez les différents parcours de vie de Lucette, Frédéric et Landry. Tous trois ont fait appel à l’association Valentin Haüy qui, depuis 130 ans, accompagne les personnes déficientes visuelles dans les étapes de leur existence.

À l’occasion de la Journée Nationale des Aveugles et des Malvoyants du 4 octobre prochain, l’association Valentin Haüy souhaite mettre en lumière les nombreux défis que rencontrent les personnes déficientes visuelles au quotidien. Alors que le cap des 1,5 million de déficients visuels est sur le point d’être franchi  en France, cette journée permet de rappeler la nécessité d’agir pour plus d’égalité, d’accessibilité et d’autonomie dans tous les gestes du quotidien.

VIVRE PLEINEMENT MALGRÉ LE HANDICAP

Redéfinir sa vie pour mieux se réaliser, telle est la trajectoire de Lucette, non voyante complète à la suite d’une naissance prématurée. En dépit des difficultés, Lucette réussit à obtenir son certificat d’études avant de travailler bénévolement dans un atelier de reliure des années durant. « Ma vie a véritablement commencé en 2008 à l’âge de 53 ans, lorsque je suis arrivée à la Résidence Autonomie Valentin Haüy du 19ème arrondissement. Aujourd’hui, grâce à Virginie, l’experte en informatique de la résidence qui m’a appris à me servir d’un ordinateur adapté, j’utilise Internet couramment. » Participant à l’atelier d’écriture organisé sur place, elle s’est lancée dans la rédaction de ses mémoires. Grâce à Corinne, l’ergothérapeute de l’équipe, Lucette a aussi découvert le plaisir de préparer seule des bons petits plats qu’elle peut ensuite partager avec ses ami(e)s. « Dire qu’il y a onze ans, je ne savais même pas éplucher une pomme de terre, ni casser correctement un œuf… »

LE CENTRE RÉSIDENTIEL

Créé par l’association Valentin Haüy en 1994 à Paris, cette résidence-services est le premier en France à offrir aux personnes valides déficientes visuelles, un logement leur permettant de mener une vie indépendante tout en bénéficiant d’un ensemble de services ainsi que d’un soutien adapté. Le centre résidentiel Valentin Haüy de Paris abrite dans un même ensemble immobilier deux résidences-services, l’une destinée aux retraités désirant vivre chez eux, l’autre accueillant temporairement au sein des studios du Foyer, des étudiants ou jeunes travailleurs venus construire leur projet professionnel.

La Résidence Autonomie est aussi un lieu qui permet de rompre l’isolement lorsqu’on devient déficient visuel : « C’est un beau roman, c’est une belle histoire… » Frédéric raconte ainsi sa rencontre avec Monique, reprenant à son compte les paroles d’une chanson interprétée lors des spectacles auxquels ils participent.

« Lorsque je suis arrivé à la résidence en 1995, je n’étais pas très bien moralement : à 55 ans, j’étais en train de perdre la vue en raison d’une rétinite pigmentaire sévère qui m’avait obligé à quitter mon métier  de postier, d’abord dans l’armée, puis dans le civil. » Lors d’un atelier poterie, il « croise le regard de Monique », une artiste lyrique retraitée, bénévole de l’association. Son accompagnatrice à l’association est aujourd’hui devenue sa compagne. Vingt ans après, Frédéric et Monique se sont mariés et coulent des jours heureux dans leur appartement du centre résidentiel où ils profitent des nombreuses activités proposées. «

REPRENDRE CONFIANCE EN SOI

Quand le handicap visuel survient, le quotidien se complique : il faut apprendre à faire avec, trouver des alternatives, modifier parfois son mode de vie et adapter certains de ses rêves à cette nouvelle réalité. Landry a subi une opération à 13 mois, pour corriger une cataracte congénitale. « J’ai grandi avec 1/10e d’acuité visuelle. Inscrit en sociologie-anthropologie à l’université de Lyon II, je maîtrisais déjà le braille et disposais d’un ordinateur équipé d’un ZoomText. J’ai ensuite dû partir à l’EHESS-Marseille où la Mission Handicap m’a suivi durant mes années de Master. »

En 2014, sa vue se détériore irrémédiablement. Pour pouvoir continuer ses recherches et préparer sa thèse, Landry intègre l’un des établissements de l’association Valentin Haüy à Paris. « Le cap symbolique de la canne blanche passé, je construis ma nouvelle existence. Les séances de locomotion comme les ateliers de cuisine ou de ménage font mieux qu’éviter le repliement sur soi-même, en participant à la reconstruction du lien social. La carrière d’enseignant-chercheur s’avérant désormais impossible, j’ai élaboré mon projet professionnel et fixé mes objectifs avec l’association Valentin Haüy qui me soutient dans mon insertion. Pendant deux ans, le Foyer de l’association m’offre un tremplin vers la vie active. »

Cloé Lechipre, ergothérapeute/instructrice de locomotion au SAVS-DV Paris, adapte ses formations afin d’être au plus près des besoins de ses patients : « En fonction de chaque personne, de son environnement et de son potentiel visuel, nous nous adaptons pour leur donner toutes les clés nécessaires à l’acquisition de leur autonomie, en suivant le rythme qui convient le mieux à chacun. Cela passe par la rééducation et l’apprentissage de gestes précis, mais aussi par du conseil en matériel spécialisé ou en aménagement du domicile. J’apprécie l’humour dont savent faire preuve les déficients visuels face aux obstacles rencontrés. »

Comme le souligne Sophie Molinier, conseillère en économie sociale et familiale du SAVS-DV Paris, « nous sommes à leurs côtés pour leur permettre d’acquérir et développer leur autonomie au quotidien, les soutenir dans leurs relations sociales et/ou familiales, et les aider dans les démarches liées à l’ouverture de leurs droits. » Landry a décroché son doctorat en mai 2019 et ne compte pas s’arrêter là : il va se lancer dans la création d’entreprise !

LE SAVS-DV PARIS

Construire ensemble un nouveau projet de vie, surmonter et faire reconnaître son handicap constituent les principales missions du SAVS-DV Paris auprès des personnes qui viennent solliciter l’équipe pluridisciplinaire. Ouvert dans le 14ème arrondissement depuis 2012, le service d’accompagnement à la vie sociale pour les Déficients visuels (SAVS-DV) Paris a une capacité d’accueil de 35 à 60 personnes. Il s’adresse aux adultes déficients visuels âgés de 20 à 70 ans, avec ou sans handicap(s) associé(s).

 

Plus d’information sur le site : https://www.avh.asso.fr

 

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