Le questionnaire anti-harcèlement scolaire sera distribué, entre le 9 et le 15 novembre 2023, à tous les élèves du CE2 au lycée, afin de détecter et prévenir les situations de harcèlement à l’école.
Face à la montée du harcèlement scolaire, le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, prend des mesures proactives. Dès la rentrée des vacances de la Toussaint 2023, un questionnaire anti-harcèlement scolaire sera distribué aux élèves pour une détection efficace des situations de harcèlement.
Comprendre le harcèlement scolaire
Harcèlement scolaire : quelle est l’ampleur de ce phénomène ?
Un enfant sur 10 est victime d’harcèlement scolaire
20% des 8-18 ans sont victimes de cyberharcèlement
700.000 enfants et adolescents sont touchés par le harcèlement scolaire
Depuis le 2 mars 2022, la loi considère le harcèlement scolaire comme un délit, avec une possible peine allant jusqu’à 10 ans d’emprisonnement si la victime se suicide ou tente de le faire. Rappelons que le harcèlement scolaire est dû à des actes agressifs répétés, intentionnels, visant à nuire ou à intimider un autre élève en milieu scolaire, pris pour cible de façon répétée avec des brimades, des moqueries, des insultes, des intimidations, …
Ces actes de violence dus aux harceleurs peuvent être verbaux, physiques, sociaux ou électroniques (cyberharcèlement). L’une des caractéristiques majeures du harcèlement scolaire est le déséquilibre de pouvoir : le harceleur exerce une forme de domination sur la personne harcelée ; sa victime, son souffre-douleur ; qui se sent impuissante face à ces attaques physiques et/ou verbales.
3020 : un soutien pour les élèves victimes de harcèlement scolaire
Destiné à écouter, guider et, si nécessaire, alerter le référent harcèlement du département, le numéro vert 30 20 est accessible du lundi au vendredi de 9h à 20h (hors jours fériés) et le samedi de 9h à 18h. Il s’adresse non seulement aux enfants et adolescents harcelés à l’école, mais aussi à leurs proches, parents, à la communauté éducatives, aux référents de l’enfant harcelé, aux parents d’élève, et enseignants témoins de cas d’harcèlement.
3018 : lutte contre le cyberharcèlement
La CNIL rappelle que diffuser des contenus assimilables à du harcèlement vous rend légalement responsable. En relayant ces contenus, même dans l’intention de dénoncer l’agresseur, vous risquez d’accroître le tumulte autour de l’enfant harcelé (en amplifiant, par exemple, ses notifications sur les médias sociaux), ce qui peut renforcer le harcèlement. Les associations conseillent de privilégier le contact direct avec la victime, que ce soit par message privé ou en personne.
Pour une meilleure réactivité dans la déclaration et l’accompagnement des enfants victimes de cyberharcèlement, le numéro vert 3018 a été mise en place le 8 février 2022. Celui-ci offre un chat direct avec les experts du numéro national 3018 et permet de conserver des preuves du harcèlement subi par le jeune concerné.
“Le harcèlement scolaire est une très grande souffrance pour les adolescents qui en sont victimes. Et ce d’autant plus qu’il intervient à l’adolescence, une forte période de transformation cérébrale : 1/3 des connexions neuronales se réorganisent à ce moment-là. Accompagner le jeune, l’écouter et lui redonner confiance est la clé de son avenir.”
Le questionnaire anti-harcèlement scolaire : une initiative nationale pour une cause cruciale
Comment savoir si votre enfant est victime de cyberharcèlement ?
Pour agir contre le harcèlement, le gouvernement a annoncé, le 24 octobre 2023, la diffusion d’une grille d’évaluation non-nominative destinée à tous les élèves, des établissements scolaires du CE2 à la terminale. Leur distribution s’étalera entre le 9 novembre, date dédiée à la lutte contre le harcèlement scolaire, et le 15 novembre.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre des promesses du plan de lutte contre les violences scolaires présenté précédemment par Élisabeth Borne. « Deux heures du temps scolaire seront banalisées à cette fin, entre le jeudi 9 novembre et le mercredi 15 novembre », a indiqué, mardi 24 octobre, le ministère de l’éducation nationale.
« Ce temps banalisé, dont l’organisation pratique est à l’initiative de chaque école, collège et lycée, sera l’occasion de mettre l’accent sur la prévention et la détection des situations de harcèlement, première condition de protection des élèves victimes. »
Deux heures dédiées à la sensibilisation
Afin d’assurer que chaque élève puisse répondre en toute sérénité, deux heures de cours seront spécialement dédiées à cette cause. Gabriel Attal, le ministre de l’Éducation nationale, souligne l’importance de cette démarche, mentionnant que chaque élève possède une sensibilité différente face au harcèlement scolaire.
Modalités de mise en œuvre
Entre le 9 et le 15 novembre, les établissements devront organiser un temps d’évaluation où les élèves seront invités à remplir cette grille. Bien que non-obligatoire, la démarche sera expliquée en détail par les professeurs. Idéalement, c’est le professeur principal au second degré qui dirigera cette séance, tout en ayant la liberté d’adapter le format : travail en petits groupes, séparations en fonction des dynamiques relationnelles, etc.
Voici le questionnaire anti-harcèlement scolaire
Des grilles et axes d’évaluation
Les grilles, élaborées après consultation des syndicats, sont disponibles sur le site Eduscol. Trois versions distinctes ont été conçues :
- Pour voir la grille des écoles élémentaires – cliquez Ici
- Pour voir la grille des collèges – cliquez Ici
- Pour voir la grille des lycées – cliquez Ici
Chaque grille comprend des questions (33 questions pour les primaires et une 44 questions pour les collèges et lycées) réparties en quatre catégories :
- « Avant d’aller à l’école »,
- « À l’école »,
- « Sur Internet ou sur les écrans »
- « Comment te sens-tu ?
Voici les exemples du questionnaire anti-harcèlement scolaire
si ils ont déjà eu « peur d’aller au collège à cause d’un ou plusieurs élèves »,
si ils ont été « bousculés volontairement »
si ils ont « menti pour rester chez [eux] »,
si ils ont « été mis(e) à l’écart dans la cour par un ou plusieurs élèves »,
s’ils mangent, « seul(e) à la cantine »,
si des élèves « font courir des rumeurs sur [eux] ».
Dans le questionnaire anti-harcèlement scolaire il sera aussi demandé aux élèves si « des photos ou messages circulent » sur eux sans leur accord, s’ils ont reçu « des messages insultants ou menaçants » sur les réseaux sociaux, ….
Il y aura d’autres questions pour savoir s’ils ont « du mal à faire [leurs] devoirs », à « s’endormir » ou ont « mal au ventre ou à la tête » à cause de ce qu’ils vivent au collège.
Les élèves évalueront leurs expériences sur une échelle de 1 à 4, de « jamais » à « très souvent ».
Programmation spéciale contre le harcèlement scolaire sur les chaînes jeunesse
Émission Okoo-koo le 8 novembre à 15h00
La veille de cette journée nationale, Okoo, la chaîne pour enfants de France Télévisions, diffusera une édition spéciale d’Okoo-koo. Julia, Manon et Sam accueilleront des invités variés, des artistes aux spécialistes, pour témoigner, analyser et offrir des solutions pour le public le plus concerné : les enfants.
Au sein de la maison Okoo, les trois présentateurs seront rejoints par Emmanuelle Piquet, thérapeute spécialisée, qui apportera son expertise sur les dynamiques de harcèlement, ainsi que sur le cyber-harcèlement. Elle fournira également des outils pour aider les élèves victimes à se protéger.
De plus, Christophe Willem viendra parler de sa propre expérience qui a été victime de brimades et de harcèlement, et Théo Curin présentera le témoignage de Léane, une jeune fille ayant subi du harcèlement, qu’il a recueilli dans son émission « T’es au top ».
L’Entre deux – Focus pour les lycéens dès le 11 novembre sur Lumni.fr
Filmé au lycée de La Joliverie à Saint-Sébastien-sur-Loire, Alix a invité Max Tchung Ming, directeur d’un collège et auteur de « Violence et justice réparatrice », pour un épisode consacré au harcèlement scolaire. Ensemble, ils abordent la détection des premiers signes de harcèlement et la prévention des comportements discriminatoires dans l’établissement. Selon Max Tchung Ming, c’est la solidarité, l’engagement des enseignants, des familles et des élèves qui permet d’accompagner efficacement les jeunes victimes.
Sophie Madoun