Jeanne 12 ans, Tim 12 ans, Romain 13 ans, Thibaut 15 ans, Clémence 17 ans, Hadrien 17 ans, Marko 18 ans, Rafael 18 ans, Renaud 21 ans, Maxime 22 ans, Amandine 27 ans … Ces jeunes se sont récemment donné la mort. Ils font partie de la terrible statistique des 10 000 suicides annuels en France. Pour la prévention du suicide chez les jeunes, Lettre ouverte à Monsieur le Premier Ministre.
Le coût humain, social, moral et économique du suicide est immense et sans doute jamais mesuré dans toutes ses dimensions. Tout porte à croire que la situation s’aggrave avec les effets de la crise sanitaire, tout particulièrement pour les jeunes, dont le mal-être est patent et désormais reconnu dans les discours politiques. Il ne fait cependant pas l’objet de mesures globales et concrètes de prévention, même si le « chèque-psy » est un début de réponse. C’est un énorme gâchis humain, pourtant évitable comme l’affirme l’OMS. Ces vies brisées privent la société d’une source de richesses essentielles à son devenir.
Nous en avons la conviction. C’est le but de l’association PHARE Enfants-Parents, qui œuvre depuis 30 ans sur le terrain de la prévention du mal-être et du suicide des jeunes et qui, au quotidien, répond aux demandes des parents de jeunes en souffrance pour éviter les passages à l’acte fatal. Notre action, si elle est d’une grande utilité, est extrêmement limitée compte tenu du manque de moyens financiers. La prévention du suicide relève d’une volonté politique résolument active afin d’infléchir cette triste réalité et non pas seulement en période de crise sanitaire.
Monsieur le Premier Ministre, nous vous demandons de mettre en œuvre des mesures efficaces et concrètes :
- Engagez un vaste programme de prévention du suicide en faisant jouer les synergies des différents départements ministériels concernés : Santé, Education Nationale, Aide Sociale, Police, Justice, avec les associations spécialisées,
- Donnez aux territoires les moyens d’assurer localement les dispositifs de prévention, notamment un centre de traitement déployant une prise en charge pluridisciplinaire. Dans différents pays, des centres d’accueil et de dialogue alliant soins, éducation, accompagnement social et protection judiciaire aident les personnes en mal-être,Faites développer la formation des médecins généralistes, professionnels de santé et de tous les acteurs médico-sociaux et associatifs au repérage de la crise suicidaire,
- Luttez contre toutes les formes d’incitation à l’autodestruction, en particulier sur internet et les réseaux sociaux et contre les facteurs de mal-être comme le harcèlement, l’abus sexuel.