L’orientation sexuelle peut changer au cours d’une vie. On peut ainsi tomber amoureux d’une femme alors qu’on a toujours été avec des hommes et vis et versa. Pascal Anger psychanalyste, psychothérapeute et sexothérapeute s’interroge avec nous sur la bisexualité.
Il n’y a pas d’âge pour découvrir sa bisexualité. Cette découverte s’accompagne généralement d’une angoisse plus ou moins vive, souvent la personne cherche à comprendre ce qui lui arrive, la personne interroge son désir et se demande à qui en parler ?
A un proche si c’est possible oui, à un psy ou un sexothérapeute qui pourra accompagner ce questionnement qui n’a rien d’anormal mais qui peut être mal vécu en fonction de l’âge du milieu social et de la culture de la personne.
Il ne s’agit pas d’inciter tout le monde à la bisexualité, mais si vous êtes tenté ne résistez pas. Il est toujours bon et sain d’explorer et d’aller de découvertes en découvertes. Ne jamais renoncer à ses fantasmes et ses plaisirs et pourquoi ne pas les vivres.
L’orientation sexuelle n’est pas un choix, c’est senti et vécu…
La bisexualité se caractérise par la capacité d’être émotionnellement ou et sexuellement attiré par les personnes des deux sexes.
Il y a des homosexuels qui se savent homosexuels mais qui refoulent leur orientation pensant que l’entourage les rejetterait. Certaines personnes vivent un parcours sinueux, ils ont eu des rapports avec des personnes du même sexe mais n’ont pas été satisfaits.
Certaines personnes malgré une prise de conscience de leur homosexualité ont cherché à s’impliquer dans une vie hétérosexuelle. Il peut arriver que l’on soit amoureux à la fois d’une femme et d’un homme.
On ne fait pas l’amour avec un sexe mais avec une personne
Répétons-le il n’existe pas de schéma type ni de norme. En matière de sexualité, nous différons tous les uns des autres en fonction autant par la forme de notre désir que par l’orientation et l’évolution de notre sexualité
Ce qui dérange souvent aussi bien pour les homosexuels que pour les hétérosexuels c’est cette idée de non choix, mais pourquoi se fixer dans une identité sexuelle ?
On parle certes de plus en plus de la bisexualité mais il n’y a pas de chiffre fiable sur la question. Pour illustrer ce changement de vie j’ai choisi quelques moments entendu dans mon cabinet de psychothérapie.
Certaines personnes tardent à « avouer » (aux autres et à eux-mêmes) leur homosexualité à cause de la pression sociale et qui y arrivent seulement après s’être soumis au modèle hétéro dominant. Est-ce un revirement inattendu de sa vie sur le compte de la fameuse crise de la trentaine ou de la quarantaine? Il semble important de ne pas se perdre dans une crise existentielle et de vivre ce qui s’offre à vous.
Paul, 43 ans, père de deux enfants, s’est retrouvé devant ces questions alors qu’il était en couple avec une femme depuis 9 ans. Lors d’une séance de thérapie il dira « J’ai développé des sentiments pour un homme, beaucoup plus jeune que moi, que j’ai rencontré à la piscine. Ça m’a troublé. J’ai d’abord essayé de repousser cette idée, mais, j’ai finalement écouté mon cœur et donné libre cours à mes sentiments. »
Paul avoue qu’il n’a jamais été aussi bien, que depuis qu’il est en couple avec cet homme, même si cette relation a provoqué une certaine remise en question. « J’ai été obligé de me positionner au sujet de mon orientation sexuelle, à cause du regard des autres, explique-t-il. Certaines personnes aiment les étiquettes; pourtant, moi, je me sens en harmonie avec une personne, pas avec un genre. »
Très vite, les amis ont voulu être rassurés par l’étiquette: gay, bisexuel, «hétéroflexible» pas toujours facile d’étiqueter … Personne n’a critiqué sa nouvelle relation, personne ne l’a rejeté , mais plusieurs ont voulu comprendre comment c’était possible ce changement d’amour. Les seuls qui n’ont pas cherché à l’étiqueter, ce sont ses enfants. Voir leur père heureux et épanouie a été suffisant pour faire taire l’inquiétude et les interrogations, s’ils en avaient eu.
Une société binaire
La société fonctionne en grande partie sur le modèle binaire hétérosexuel et homosexuel, avec une tendance marquée pour l’hétérosexualité. La bisexualité dérange notamment parce qu’elle se laisse difficilement circonscrire, mais elle existe, même si peu la revendiquent.
Le pourcentage de personnes bisexuelles est beaucoup plus important que celui des personnes strictement homosexuelles ou hétérosexuelles. Il ne faut pas pour autant conclure que tout le monde est par essence bisexuel. Notre sexualité dépend en partie d’une construction psychique propre à chacun. C’est donc un sujet complexe.
L’orientation sexuelle peut varier au cours d’une vie, nous pouvons faire référence au concept de « fluidité sexuelle ». Cela peut soulager, d’une certaine manière, parce que ça permet de ne pas rejeter sa vie d’avant.
Quel que soit notre sexualité n’oublions pas d’être heureux.
Pascal Anger