Cachez ces vérités que les industriels de la charcuterie ne sauraient voir. A partir de mardi 29 juin, c’est fini ; vous n’aurez plus accès sur l’application Yuka à notre pétition exigeant la fin des nitrites ajoutés. Certes, les charcuteries sont classées cancérogènes par l’OMS et les additifs nitrés n’y sont pas pour rien – le consensus scientifique est clair – mais les grands noms de la charcuterie ne veulent pas que vous le sachiez, ni que vous vous y opposiez en continuant de signer la pétition lancée par foodwatch avec La Ligue contre le cancer et Yuka qui a déjà mobilisé plus de 340.000 personnes.
Jusqu’à présent, lorsque vous scanniez un produit de charcuterie contenant des nitrites ajoutés, l’application Yuka vous invitait à signer la pétition lancée conjointement avec foodwatch et la Ligue contre le cancer en novembre 2019 pour exiger l’interdiction des additifs E249 (nitrite de potassium), E 250 (nitrite de sodium), E251 (nitrate de sodium) et E252 (nitrate de potassium). Plus de 340.000 personnes l’ont déjà signée et continuent de le faire sur le site de foodwatch.fr.
Mais la FICT (Fédération française des industriels charcutiers traiteurs), par sa démarche d’intimidation portée devant le Tribunal de commerce de Paris, a réussi à faire retirer le lien vers la pétition de l’application Yuka pour cause de soi-disant « dénigrement » et du rôle de l’application dans un « mouvement d’opinion défavorable pouvant aller jusqu’à infléchir la règlementation applicable ». Comprenez : l’accès à l’information via Yuka sur les risques pour la santé de ces additifs dans la charcuterie et surtout la possibilité de signer directement la pétition gênent les affaires des charcutiers-traiteurs. Cela ne pouvait durer. C’est une censure de fait inacceptable dénoncée par foodwatch et La ligue contre le cancer.
Les grandes marques de charcuterie à la manoeuvre
Cette forte mobilisation citoyenne sur un sujet de santé publique n’arrange pas du tout les grandes marques telles que Cochonou, Herta, Fleury Michon et consorts qui ne goûtent pas la transparence de l’information, même si elles reconnaissent elles-mêmes que les nitrites sont problématiques et qu’elles peuvent faire sans puisqu’elles commercialisent des gammes ‘sans nitrite’ qui leur rapportent gros.
Les grandes marques de la charcuterie sont à la manœuvre derrière cette démarche d’intimidation de la FICT sur Yuka mais elles se planquent, dénonce foodwatch :
« Les industriels nitriteurs de la FICT préfèrent tenter de museler le débat public pour une alimentation saine, plutôt que de reconnaître leur responsabilité et de s’engager à la suppression de ces additifs. Pourtant, un nombre croissant de fabricants commercialise des produits sans nitrites ajoutés. Nous leur avons demandé de nous expliquer ce double jeu mais aucun parmi Herta, Fleury Michon, Cochonou… ne veut assumer ce procès fait à Yuka au détriment de l’information des consommateurs. Ils veulent juste que vous continuiez d’acheter leurs produits les yeux fermés et bloquer la proposition de loi pour interdire ces additifs. C’est inacceptable », tempête Karine Jacquemart, directrice générale de foodwatch France.
A plusieurs reprises, le professeur Axel Kahn, désormais président d’honneur de la Ligue contre le cancer très engagé sur la question, a souligné : « Les charcuteries sont classées cancérogènes avérés par l’OMS et chaque année, en France, jusqu‘à 4 000 nouveaux cas de cancer de l’estomac ou du colon sont attribuables à la consommation de viande transformée. 80% des charcuteries sont traitées aux nitrates ou nitrites ; les charcuteries traitées apparaissent plus cancérigènes que les non-traitées à ces sels, chez les rats et les hommes. Elles provoquent des lésions de l’ADN. Cela ne fait aucun doute, il est urgent de sortir du traitement des charcuteries pas les nitrates et nitrites. »
En janvier 2021, le rapport parlementaire mené par les députés Richard Ramos (MODEM), Barbara Bessot-Ballot (LREM) et Michèle Crouzet (MODEM) a conclu sans équivoque à la nécessité de la fin des nitrites : « Il est certain que les charcuteries sont cancérogènes et que les nitrites et nitrates ajoutées causent, ou à tout le moins, renforcent cette cancérogénicité. Or, il est parfaitement possible de produire une charcuterie de qualité sans nitrites, ni nitrates ajoutés et parfaitement sûre d’un point de vue bactériologique ». Une proposition de loi pour la sortie des nitrites est sur la table et devrait être débattue en fin d’année.
foodwatch, Yuka et la Ligue contre le cancer font front avec détermination et vont continuer à exiger l’interdiction des additifs à base de nitrites et nitrates dans l’alimentation : « C’est déjà possible donc il faut prendre cette décision de santé publique sans tarder », insistent les trois organisations.
Sources Nitrites ajoutés dans la charcuterie, Yuka censurée :
- Pétition foodwatch, Yuka, Ligue contre le cancer : « Stop aux nitrites ajoutés dans notre alimentation »
- Communiqué de presse, vidéo et nombreuses sources, par foodwatch, Yuka et la Ligue contre le cancer : « Nitrites ajoutés : jusqu’à 4 000 nouveaux cas de cancers par an liés à la consommation de viande transformée pourraient être évités en France » (3 février 2020)
- Communiqué de presse, rappel des faits et nombreuses sources : « foodwatch, Yuka et la Ligue contre le cancer exigent l’interdiction des nitrites et nitrates dans l’alimentation » (20 novembre 2019)
- Lettres de foodwatch aux dirigeants de Herta, Nestlé France, Casa Terradellas, Loste, Cooperl Arc Atlantique, Aoste, Justin Bridou, Cochonou, Bordeau Chesnel, Fleury Michon, Pierre Schmidt, Maison Prunier, Monique Ranou, Intermarché