Cryptorchidie, cancer des testicules, des convergences troublantes
Au final peut-on conclure à une baisse réelle de la spermatogénèse et a-t-on des pistes sérieuses pour comprendre cet effondrement ? « Aujourd’hui les principales études sur le sujet sont indiennes ou chinoises, elles portent sur des séries très importantes et rapportent, elles aussi, une baisse de la concentration de spermatozoïdes », note le Dr Rigot. Le phénomène est donc mondial.
Autre aspect troublant : il existe des variations régionales. Ainsi en France, la région Aquitaine-Languedoc-Roussillon semble plus concernée. Elle est également plus touchée par d’autres anomalies comme les cryptorchidies (absence de descente des testicules) et les cancers des testicules. L’utilisation de produits phytosanitaires – en particulier dans le secteur de la viticulture – pourrait être en cause. Niels Skakkebaek, qui a observé les mêmes concordances entre la chute de la spermatogenèse et l’augmentation simultanée de cancers du testicule, a émis l’hypothèse que ce serait pendant la vie fœtale, lorsque le testicule se forme, qu’il serait le plus sensible aux phtalates et aux pesticides.
Une étude récente publiée dans le BEH confirme cette corrélation : elle montre à la fois une baisse de 2 % dans la numération depuis les années 1990, et en parallèle une augmentation de 1,5 % par an du cancer du testicule et de 2,5 % par an de la cryptorchidie. On dénombre également plus de cancers du testicule chez les hommes infertiles. Les pubertés précoces sont aussi en augmentation chez les petits garçons. Et c’est à nouveau en Aquitaine qu’on en observe le plus. Toutes ces données forment un faisceau d’indices – à défaut de preuves – suggérant l’impact d’un certain nombre de perturbateurs endocriniens sur la fonction testiculaire.
« C’est à plus long terme – dans 30 ans ou plus – que nous constaterons les conséquences de ces perturbateurs endocriniens sur nos enfants et petits-enfants. Il y a là un vrai enjeu de santé publique, conclut le Dr Rigot. C’est le message que je souhaite faire passer aux urologues et aux andrologues présents lors des JAMS : nous avons un rôle important de sentinelle à jouer ».
La fertilité au-delà du nombre de spermatozoïdes
Si le nombre de spermatozoïdes baisse ce n’est pas la seule raison de la diminution concomitante de la fertilité. Les couples ont beaucoup changé sur le plan sociologique au fil des décennies. L’âge du premier enfant est passé de 27 à 32 ans chez l’homme, tandis qu’il passait d’un peu plus de 23 ans chez la femme, à 30 aujourd’hui.
Le nombre de couples revendiquant un « désir de ne pas avoir d’enfant » est également en croissance (5 à 10 % selon les différents sondages). La race humaine pourrait donc s’éteindre par choix délibéré… bien avant que l’ensemble des hommes ne soit devenu stérile.
Les e-Jams : pour faire vivre l’urologie francophone
Pas de frontières pour les JAMS ! C’est le credo que s’est fixé l’AFU et qu’elle met en œuvre grâce à une retransmission en live de son événement. L’Algérie, le Maroc, la Tunisie et le Liban, partenaires de l’AFU via leurs sociétés savantes, participeront donc en direct aux sessions et pourront intervenir en temps réel.
Cette ouverture à la francophonie relève d’un objectif du Président de l’AFU, le Professeur Thierry Lebret. « L’ouverture vers la francophonie permet d’une part de faire rayonner l’urologie française, mais aussi de partager et construire avec nos homologues francophones », expliquait-il à ce sujet.
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