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L’usage du protoxyde d’azote est détourné, la loi le sera tout autant !

L’usage du protoxyde d’azote est détourné. Il est devenu l’un des produits psychotropes les plus consommés en France après le cannabis mais ce phénomène n’est pas nouveau, bien au contraire. Alors que faire?

L’usage du protoxyde d’azote est détourné, la loi le sera tout autant ! Tribune de Hadrien Le Roux, Fondateur d’HEYME et Président de la SMEREP et d’Olivier Ledot,  Fondateur du Delta Festival et Président de Delta France Association.

Depuis quelques années, l’inhalation du protoxyde d’azote dit « Proto » fait des ravages chez les jeunes avec des conséquences parfois très lourdes allant de séquelles neurologiques à des décès par arrêt cardiaque. Le phénomène s’est amplifié ces derniers mois par la multiplication sur les réseaux sociaux de vidéos mettant en avant le caractère festif et socialisant de la consommation de ce produit.
Un communiqué de presse du Premier ministre et du ministère de la santé indiquait déjà en novembre 2019 : « l’évolution des pratiques s’accompagne d’une augmentation du nombre de signalements d’effets sanitaires graves, avec atteintes du système nerveux central et de la moelle épinière, à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) via le réseau d’addictovigilance (CEIP-A). La plupart des cas déclarés concernent des hommes âgés de 18 à 34 ans ».
En 2020, trois fois plus de signalements ont été recensés par rapport à 2019 pour des accidents graves touchant particulièrement cette catégorie de population.

Alors, où en sommes-nous aujourd’hui ?

Sous la houlette de la Sénatrice Valérie Létard et de ses collègues sénateurs, le Parlement s’est emparé de ce problème de santé publique en avril 2019.
Arrivé en deuxième lecture au Sénat, la proposition de texte sera débattue en Commission des Affaires sociales cette semaine, soit après plus de deux ans d’un débat législatif poussif.
La proposition de texte de loi prévoit pour l’essentiel d’interdire la vente de « proto » aux mineurs dans : « tous commerces physiques ou lieux publics, et également en ligne sur internet ». Certaines villes n’ont d’ailleurs pas attendu l’État en prenant un arrêté municipal en ce sens. C’est le cas de la mairie de Vincennes, de Montpellier ou encore de Marseille.  Mais se cantonner à cet axe restrictif pour les mineurs est totalement insuffisant quand on sait que seulement 15% des cas graves concernent des jeunes de moins de 18 ans.

Comment ne pas imaginer par ailleurs qu’ils contourneront, sans difficultés, ces restrictions ?

Dès lors, pourquoi ne pas interdire sa détention et sa consommation pour un usage récréatif dans l’espace public ? 
Pourquoi ne pas l’interdire également aux majeurs qui concentrent la majorité des signalements d’accidents ? 
La proposition de texte en discussion prévoit également un volet prévention qui est en effet fondamental.
Mais qui mènera ces actions de sensibilisation dans les établissements secondaires, d’enseignement supérieur ou encore dans les lieux festifs ? 
Il nous semble évident que ces travaux parlementaires sont déconnectés de la réalité car ils ne prennent pas en compte la production et la distribution de ce produit dont l’usage est massivement détourné.
La distribution des cartouches doit être encadrée et limitée aux seuls professionnels de la restauration.
La contrebande galopante que l’on constate en France et en Europe nécessite également une répression judiciaire des plus ferme.
Enfin, nous demandons un engagement fort du législateur, qui sait parfaitement que l’activité florissante de cette industrie repose en grande partie sur cet usage détourné, afin de contraindre les producteurs de “proto” à innover et trouver un dispositif alternatif pour l’émulsion de crème chantilly.
A l’heure où la santé physique et mentale de nos jeunes fait les gros titres de la presse nationale, nous nous devons de regarder avec lucidité cette réalité en imaginant une loi réellement efficace contre ce nouveau fléau.
Nous, acteurs engagés pour la jeunesse, resterons très vigilants sur l’avancée de ces débats ici et dans l’Union Européenne, dont la France prendra la Présidence tournante en 2022.
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