Dans un article publié dans la revue Cancer Research le 3 octobre, l’équipe du Dr Michel Aurrand-Lions, Chargé de recherche Inserm au Centre de recherche en cancérologie de Marseille (CRCM), identifie la protéine JAM-C comme un marqueur des cellules précurseurs des cellules leucémiques et comme marqueur de mauvais pronostic pour les leucémies myéloïdes aigües (LMA). JAM-C est une protéine qui intervient dans l’adhésion des globules blancs avec les cellules du tissu de soutien de la moelle osseuse qui supporte la différenciation des globules blancs.
L’analyse de la présence de JAM-C à la surface des cellules sanguines de patients atteints de LMA au moment du diagnostic et au moment de la rechute éventuelle révèle d’une part que le niveau d’expression de JAM-C est plus fort sur les cellules leucémiques que sur les cellules saines de patients atteints de LMA, d’autre part que l’expression de JAM-C est plus forte au moment de la rechute qu’au moment du diagnostic, et enfin, elle est plus forte chez des patients dont la durée de survie post-diagnostic et la durée de survie sans rechute étaient les plus faibles. Jam-C constitue donc un marqueur de mauvais pronostic pour les leucémies myéloïdes aigües (LMA).
JAM-C n’est pas détecté sur toutes les cellules leucémiques, mais seulement sur celles qui ont la capacité, une fois greffées dans des souris immunodéprimées, de provoquer le développement d’une LMA chez l’animal : la protéine JAM-C constitue donc un marqueur des cellules précurseurs des cellules leucémiques.
Dans ce contexte, la protéine JAM-C représente donc une cible thérapeutique potentielle, par le développement futur d’anticorps dirigés contre JAM-C permettant de cibler de façon spécifique les cellules précurseurs des cellules leucémiques.
En cherchant à disséquer le mécanisme d’action de JAM-C, l’équipe de Michel Aurrand-Lions montre que JAM-C conduit à l’activation des enzymes de la famille Src, qui transmettent un signal à l’intérieur des cellules en modifiant des protéines cibles par ajout d’un résidu phosphate, et dont le rôle dans l’adhésion cellulaire et dans le développement de résistances aux traitements anti-cancéreux a déjà été décrite. Ils démontrent enfin que l’activation des enzymes de la famille Src est nécessaire pour conférer aux cellules leurs propriétés précurseurs de leucémies.
Des inhibiteurs des enzymes de la famille Src pourraient donc dans le futur constituer une nouvelle méthode de traitement des AML. Des essais thérapeutiques combinant des inhibiteurs de Src avec une chimiothérapie classique son en cours.
Référence :
Jam-C identifies SFK-activated leukemia-initiating cells and predicts poor prognosis in Acute Myeloid Leukemia
De Grandis M, Bardin F, Fauriat C, Zemmour C, El-Kaoutari A, Granjeaud S, Pouyet L, Montersino C, Chrétien AS, Castellano R, Bidaut G, Boher JM, Collette Y, Mancini SJC, Vey N & Aurrand-Lions M
Cancer Research September 28 2017 DOI:10.1158/0008-5472.CAN-17-1223
http://cancerres.aacrjournals.org/cgi/content/abstract/0008-5472.CAN-17-1223