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Les comportements à risque à l’adolescence

La consommation de produits psychoactifs et les addictions comportementales chez les jeunes populations constituent une donnée préoccupante, aussi bien pour les pouvoirs publics que pour les professionnels de la santé et de la prévention. Comment comprendre ce phénomène? Comment le prévenir ? Réponses.

 ADOLESCENT

Les pratiques addictives qui émergent dans ces populations sont souvent associées à des comportements à risque, dont les conséquences peuvent être invalidantes à plus ou moins long terme sur le plan physique, psychique ou social. De la même façon, si la transgression des interdits et la prise de risque qui s’ensuit peuvent contribuer à la construction d’un soi et à l’expression d’une certaine autonomie, elle peut aussi exprimer une volonté de fuite et le besoin d’être reconnu à travers sa souffrance. Aussi l’urgence d’une action concertée et transversale en addictologie est un projet ambitieux mais nécessaire et le RESPADD entend y contribuer, à son échelle. En cela, l’objectif de ces rencontres est multiple : la diffusion et le partage d’outils de prise en charge et de prévention des conduites addictives, le renouvellement des approches, les échanges interdisciplinaires, une mise au point sur les structures/pratiques existantes et des innovations prometteuses, une mise en perspective sociétale des conduites addictives chez les jeunes. Le soutien apporté par la Direction générale de la santé est le signe de l’attente forte des pouvoirs publics envers la diffusion des connaissances sur les consommations à risque des adolescents et les moyens de les prévenir. Nous avons tous besoin de dialogues et d’outils pour accompagner « l’adolescence, comme la plus délicate des transitions ».

ADDICTIONS ET CONDUITES A RISQUE A L’ADOLESCENCE : FAITS ET CHIFFRES

L’enquête internationale Health Behavior in School-aged children portant sur les comportements de santé et les styles de vie des élèves entre 11 et 15 ans, a mis en évidence certaines tendances et phénomènes au cœur de la sociabilité juvénile. Ainsi de la prééminence de l’alcool expérimenté par une large majorité de collégiens, est-elle venue confirmer le problème des ivresses chez les garçons d’abord, puis les filles, dès la classe de 4e. Le tabagisme quotidien concernait quant à lui près d’un élève de 15 ans sur cinq en 2010 tandis que se confirmait sa féminisation. Le cannabis demeurait la première drogue illicite expérimentée au début de l’adolescence et touchait près d’un élève de 3ème sur quatre. Autre fait significatif : la spéculaire augmentation des usagers de NTIC, depuis 2010, particulièrement les filles. Ambivalence de ces nouvelles technologies : si elles ouvrent de nouveaux risques et tendent à renforcer le prisme d’une « société addictogène », elles apportent aussi des solutions, permettant d’autres apprentissages et une façon originale de nouer des rapports sociaux. C’est toute la difficulté des actions de prévention, trouver ses limites et accompagner l’adolescent vers la connaissance des siennes. Aussi cette enquête vient-elle rappeler l’intérêt d’une approche qui, tout en intégrant les risques des comportements, évalue l’impact de l’environnement, des cadres de référence internes et des modes de vie de l’adolescent.

UN AGE CRITIQUE ET UNE POPULATION PARTICULIEREMENT VULNERABLE

Associer adolescence et addiction est fréquent. Cependant ce n’est pas tant lié à une observation de type quantitative_ car les addictions ne sont pas plus fréquentes à cet âge de la vie_ mais plutôt parce qu’il s’agit d’une période privilégiée pour observer les facteurs favorisant la mise en place de ces conduites, comme leur entretien, leur disparition ou leur coexistence avec d’autres conduites pathologiques. L’adolescence peut être perçue comme un révélateur de vulnérabilités individuelles, mais elle ne les crée pas, bien qu’elle puisse contribuer à leur conférer un rôle pathogène dans le développement de la personnalité. Existe-t-il des paramètres communs aux adolescents dépendants et si oui de quelle nature sont-ils ? Quels sont les facteurs de vulnérabilité ou de protection ? Quels sont les mécanismes qui interviennent dans le maintien de ces conduites et quelle fonction le comportement addictif occupe-t-il dans l’équilibre de l’adolescent?

URGENCES ADDICTOLOGIQUES A L’ADOLESCENCE : QUELS TYPES D’INTERVENTIONS ?

L’adolescence se caractérise par une prise d’autonomie grandissante et un développement affectif, social et intellectuel à plusieurs vitesses. Ce développement influence la capacité de l’adolescent à prendre des décisions et à appréhender un comportement comme risqué. Aussi est-il nécessaire de développer une offre de soins adaptée aux spécificités psychopathologiques des adolescents et aux conduites à risque qu’elles peuvent induire (modalités de consommation, influence du groupe de pairs, fréquence de comorbidités d’ordre psychiatrique).

L’approche réduction des risques et des dommages est aujourd’hui une approche pertinente dans la prévention des risques associés aux conduites addictives auprès des populations jeunes. Elle est axée sur la maitrise des risques et des répercussions liés aux usages de substances addictives, plutôt que sur la consommation en tant que telle.

Son objectif premier est la diminution des conséquences néfastes associées à la consommation de substance, par tous les moyens envisagés par le jeune. Une position neutre est adoptée au regard de l’abstinence qui ne constitue pas nécessairement la réponse exclusive. Les dommages sont perçus dans un continuum de risques sociaux, familiaux, somatiques, scolaires, judiciaires. La maîtrise des répercussions néfastes est présentée comme mesurable.

Cette approche repose sur le respect de l’adolescent et de son libre arbitre, et sur la conscience de sa vulnérabilité et de sa volonté. La conception que l’on a des conduites à risque est ici essentielle : le soignant ne cherchera pas à convaincre mais à manifester que sa détermination est fondée sur la conviction de la valeur de l’adolescent et de son désir de s’épanouir.

Parmi les outils dont dispose le soignant : l’intervention brève, l’entretien motivationnel, les thérapies cognitivo-comportementales et les thérapies familiales qui permettent chacun une approche compréhensive et dynamique de l’adolescent.

 

Un grand merci à Nicolas Bonnet, Directeur du Réseau des établissements de santé pour la prévention des addictions (RESPADD), pour ses précieuses informations.

A lire :

Mon adolescent en 100 questions du sociologue au CNRS et consultant médiateur parental, Michel Fize. Un véritable guide de référence qui accompagne parents et professionnels de l’éducation afin de mieux comprendre les adolescents et leurs difficultés. Une véritable Bible pour des relations réussies avec nos ados!

Éditions Eyrolles, 21,90 euros

 S.M.

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