Voici un nouvel espoir de vaincre Alzheimer ! Des résultats positifs concernant l’essai clinique mondial de phase 3 appelé « Clarity AD » sur le Lecanemab viennent d’être annoncés. En effet, ce traitement réduirait le déclin cognitif chez les patients Alzheimer au stade précoce. Explications.
La nouvelle vient de tomber. Les laboratoires Eisai et Biogen ont annoncé des résultats positifs concernant l’essai clinique mondial de phase 3 appelé « Clarity AD » sur le Lecanemab. Il s’agit d’un nouvel espoir de vaincre Alzheimer. Une demande d’autorisation de mise sur le marché en Europe et aux États-Unis devrait désormais être introduite au premier trimestre 2023.
Également nommé BAN 2401, le traitement Lecanemab est un anticorps expérimental anti-amyloïde qui est capable de se fixer aux formes fibrillaires solubles de la protéine bêta-amyloïde.
Or, l’objectif de ce traitement d’immunothérapie est de nettoyer le cerveau de ces formes fibrillaires solubles de la protéine bêta- amyloïde, qui s’accumulent dans la maladie d’Alzheimer sous la forme de dépôts amyloïde cérébraux insolubles.
« Ce traitement d’immunothérapie, s’il est validé, démontrerait que l’élimination de la bêta-amyloïde peut engendrer une amélioration des symptômes cliniques, soutenant ainsi l’hypothèse scientifique de la cascade amyloïde émise dans les années 90. » explique le Dr. Maï Panchal, Directrice générale et scientifique de la Fondation Vaincre Alzheimer.
Des résultats prometteurs à la significativité
Cette immunothérapie a été administrée chez des patients atteints de troubles cognitifs légers dus à la maladie d’Alzheimer (MCI-AD) et chez des malades d’Alzheimer au stade léger. Tous avaient des dépôts amyloïdes présents dans le cerveau. Au total, 1795 participants ont reçu, par voie intraveineuse, une dose du traitement Lecanemab de 10 mg/kg toutes les 2 semaines, pendant 18 mois.
Le traitement par le Lecanemab a montré une réduction de 27 % du déclin cognitif à 18 mois. Les performances cognitives et fonctionnelles ont été évaluées dans six domaines : la mémoire, l’orientation, le jugement et la résolution de problèmes, les activités sociales, la maison et les loisirs, et les soins personnels. Les critères d’évaluation primaires ont été atteints avec des résultats statistiquement significatifs.
« Ce sont des résultats très prometteurs et porteurs d’espoir pour les malades et leur famille. Une réduction du déclin cognitif de 27% n’est pas négligeable, particulièrement s’il est administré au plus tôt dans la maladie d’Alzheimer. » indique le Docteur Panchal.
Elle souligne toutefois : « Il ne faut pas oublier que cette pathologie est multifactorielle et qu’il existe une autre protéine qui s’accumule dans le cerveau des malades à l’origine des symptômes, appelée la protéine Tau. Les voies inflammatoires, métaboliques, vasculaires et génétiques entrent également en jeu. Il faudra alors certainement mettre en place plusieurs traitements visant différentes cibles moléculaires pour stopper le déclin cognitif. »
Des effets secondaires à surveiller
Comme pour tous types de traitements, des effets secondaires existent. L’incidence des œdèmes cérébraux et des microhémorragies cérébrales (ARIA) était de 21,3% chez les patients ayant reçu le traitement, contre 9,3% chez les patients n’ayant pas reçu les anticorps.
« Les effets secondaires ne doivent pas être négligés. Si le traitement est approuvé par les autorités de santé, il sera important de suivre et de surveiller l’évolution de ces effets lors de l’administration du traitement. La question de la durée du traitement est encore inconnue, car à l’heure actuelle, nous ne savons pas si, à l’arrêt du traitement, les dépôts amyloïdes se forment à nouveau dans le cerveau. Il y a donc encore beaucoup de chemin à parcourir mais c’est indéniablement une très bonne nouvelle pour les malades et la communauté scientifique et médicale. » déclare le Dr. Panchal avant d’ajouter « Pour l’instant, nous nous basons sur la communication des laboratoires Eisai et Biogen et nous n’avons pas encore accès à toutes les données scientifiques de l’étude. Nous attendons avec impatience le détail de ces données qui seront présentées au prochain congrès scientifique CTAD à la fin du mois de novembre. Mais ces premiers résultats montrent indéniablement que la recherche avance. En effet, la recherche médicale est essentielle pour arriver un jour à mettre au point des traitements efficaces. C’est pourquoi la Fondation Vaincre Alzheimer soutient la recherche d’excellence depuis 17 ans maintenant. Elle a ainsi permis à la recherche médicale de s’accélérer grâce, en particulier, à la générosité de ses fidèles donateurs. »
Désormais, le laboratoire Eisai souhaite présenter ces résultats à l’agence européenne des médicaments (EMA) dans le but de déposer une demande d’autorisation de mise sur le marché en Europe du candidat-médicament d’ici la fin du mois de mars 2023. Il en sera de même aux États-Unis et au Japon.