Le professeur Raoult a été auditionné par la Commission d’enquête au Sénat, mercredi 1- septembre. Il est revenu sur sa stratégie thérapeutique à base d’hydroxychloriquine, sur le salaire des médecins, sur les Comment démêler le vrai du faux des propos de Didier Raoult devant les sénateurs? C’est ce que l’on a souhaité savoir.

Didier Raoult, le très controversé directeur de l’IHU de Marseille, a été auditionné mercredi 16 septembre eau Sénat, après l’avoir été devant les députés. Durant près de deux heures, il a défendu ses travaux sur l’hydroxychloroquine pour lutter contre la Covid-19 est revenu sur l’organisation du système de santé, sur le salaire des médecins. Pour comprendre le vrai du faux des propos de Didier Raoult devant les sénateurs 20 Minutes a vérifié ces principaux dires.

Ce que Didier Raoult a déclaré : « Il y a 4,6 milliards de gens qui vivent dans des pays dans lesquels on [recommande] l’hydroxychloroquine. »

Est-ce juste ? Didier Raoult a expliqué faire allusion à un « papier » qui doit être bientôt publié sur le sujet. Contacté, l’IHU n’a pas transmis à 20 Minutes le document. Cet argument est régulièrement utilisé par le professeur : il a, à au moins deux reprises, communiqué des listes de pays recommandant l’utilisation de l’hydroxychloroquine.

Devant les sénateurs, le directeur de l’IHU n’a pas précisé les pays auxquels il faisait allusion. A l’échelle mondiale, l’OMS déconseille de traiter les patients atteints de Covid-19 avec l’hydroxychloroquine et ne recommande pas la prise de ce traitement en automédication. Dans l’UE, l’Agence européenne des médicaments  ne recommande pas ce traitement, comme l’a souligné le sénateur Bernard Jomier face à Didier Raoult.

En Inde, et ses 1,3 milliard d’habitants, le Conseil indien de la recherche médicale recommandait en juin dernier la prise d’hydroxychloroquine chez les soignants, en plus du port de matériel de protection adapté. Concernant l’efficacité du traitement, le directeur du Conseil se montrait prudent à l’époque, expliquant vouloir attendre les résultats d’un essai de l’OMS avant « de former une opinion ». Cet essai a depuis été abandonné. Aux États-Unis, ni le CDC (centre pour le contrôle des maladies), ni les NIH (instits nationaux pour la santé) ne recommandent ce traitement.

La Commission nationale de la santé chinoise, déconseille l’association d’hydroxychloroquine et d’azithromycine aux près de 1,4 milliard de Chinois. Elle n’écarte pas l’usage de la chloroquine, tout comme d’autres médicaments antiviraux, mais recommande une surveillance de son efficacité et des effets secondaires. Au Brésil, le ministère de la Santé déconseille l’usage du traitement « dans les cas légers ou graves ».

Une immense majorité de pays ne recommande pas ce traitement contre le Covid-19, comme l’a souligné sur Twitter Nathan Peffeir-Samdja, coordinateur du Réjif (réseau des jeunes infectiologues français).

Ce que Didier Raoult a déclaré : « Nous avons les médecins les plus vieux d’Europe. »

Est-ce juste ? Didier Raoult a précisé s’appuyer sur des données de l’OCDE. Selon ces statistiques, c’est l’Italie qui décroche le record de médecins les plus âgés : plus de la moitié des praticiens italiens (53 %) ont plus de 55 ans. La France arrive à la troisième place (47 %), quasiment à égalité avec l’Estonie et la Lettonie. En 2000, la France se distinguait, à l’inverse, par des médecins plus jeunes que ses voisins.

Ce que Didier Raoult a déclaré : « Les médecins hospitaliers [à l’exception des médecins universitaires] sont moins bien payés en moyenne que les autres pays de l’OCDE »

Est-ce juste ? Là encore, Didier Raoult s’appuie sur des données de l’OCDE. Toutefois, l’OCDE n’établit pas là un classement par pays, mais compare les rémunérations au salaire moyen dans chaque pays. Un médecin spécialiste salarié français, catégorie qui se rapproche le plus du profil du médecin hospitalier, reçoit 2,2 fois le salaire moyen français, selon des données datant de 2017, tandis qu’un médecin allemand de cette catégorie reçoit 3,5 fois le salaire moyen allemand.

La comparaison a ses limites, souligne Gaëtan Lafortune, économiste senior auprès de la division santé de l’OCDE. « La rémunération est l’un des terrains où il est plus difficile d’avoir des données comparables », détaillait-il en 2018 au Quotidien du médecin. La variété des revenus de certains médecins (activité salariée ou libérale par exemple) complique l’exercice, rappelle également une note du ministère de la Santé.

Voilà, le vrai du faux des propos de Didier Raoult devant les sénateurs