Gustave Roussy a développé un modèle mathématique de simulation pour évaluer les impacts de la pandémie de Covid-19 sur l’organisation des soins de cancérologie et les conséquences pendant la période de confinement. Les résultats viennent de tomber : la surmortalité par cancers lors de la 1ère vague de Covid estimée entre 2 et 5 %. Ce sur-risque pourrait augmenter en cas de deuxième vague et il sera important de tout mettre en œuvre pour maintenir le diagnostic et l’offre de soins en cancérologie.

Lors de la première vague, l’épidémie de Covid-19 a entraîné un bouleversement des soins pour les patients atteints de cancer : les stratégies thérapeutiques ont été adaptées, le plus souvent sur la base des recommandations des sociétés savantes, par les centres de soins, au niveau national et international, afin de limiter l’exposition des patients au risque de contamination, une partie des patients n’a pas réalisé ou retardé les examens de dépistage ou de diagnostic, certains ont interrompu ou décalé les traitements en cours pour leur cancer. La surmortalité par cancers lors de la 1ère vague de Covid estimée entre 2 et 5 %.

Menée dans un premier temps à Gustave Roussy, l’étude pilote GROUVID, a estimé l’impact de tous ces changements sur le pronostic des patients par des méthodes statistiques de simulation. L’étude a utilisé des données hospitalières enregistrées en routine fournies par le service d’information médicale et le recensement, par entretiens auprès de cliniciens de Gustave Roussy, des modifications de prise en charge mises en place pendant la période de confinement et une analyse de la littérature internationale.

A cause des retards et des décalages des soins, il y a eu un fort impact sur le nombre de décès

Les résultats montrent que ce sont les retards/décalages de venue des patients qui ont le plus fort impact. Ces retards pourraient se traduire par une augmentation a minima de 2 % des décès par cancer à 5 ans.

Le modèle de simulation a vocation à être étendu à d’autres centres, nationaux et européens, et il sera développé pour déterminer le décalage maximum à ne pas dépasser, dans chaque situation clinique, pour minimiser l’impact sur la survie des patients.

Vigilance de mise en cas de 2eme vague

En cas de reprise de l’épidémie, il sera donc important de communiquer, auprès des tutelles, et auprès des patients ou des personnes devant réaliser un dépistage, sur l’importance de ne pas décaler leur prise en charge. Pour certains cancers à un stade avancé, un retard dans la prise en charge peut se traduire par un changement majeur de pronostic.

 

Source

La surmortalité par cancers lors de la 1ère vague de Covid estimée entre 2 et 5 %

ESMO 2020 – Mini Oral – session SARS-CoV-2 and cancer 1

A microsimulation  model  to  assess  the  impact  of  SARS-CoV-2  on  cancer  outcomes, healthcare organization and economic burden

Presentation LBA78

Speaker : Aurelie Bardet (Villejuif, France)

Aurelie Bardet1,2 (Villejuif, France), Alderic Fraslin1,2 (Villejuif, France), Matthieu Faron2,3 (Villejuif, France), Isabelle Borget1,2 (Villejuif, France), Lucile Ter-Minassian4 (Oxford, United Kingdom), Jamila Marghadi5 (Villejuif, France), Anne Aupérin1,2 (Villejuif, France), Stefan Michiels1,2 (Villejuif, France), Fabrice Barlesi6 (Villejuif, France), Julia Bonastre1,2 (Villejuif, France).

  1. Service de Biostatistique et d’Epidémiologie, Gustave Roussy
  2. Equipe de recherche en méthodologie statistique Oncostat Inserm 1018, Univ. Paris-Saclay, Ligue contre le cancer
  3. Service de chirurgie viscérale oncologique, Gustave Roussy
  4. Department of statistics, Oxford University, Oxford, United-Kingdom
  5. Service d’information médicale, Gustave Roussy
  6. Direction médicale et de la recherche clinique, Gustave Roussy, Univ. Paris-Saclay

 

Sources ; Gustave Roussy