Depuis le mois de juillet, en toute discrétion, la Chine a vacciné plus de 100 000 personnes contre la Covid-19 alors que les essais ne sont pas finis. Il n’y aurait, d’après les autorités chinoises aucun effet secondaire.

« Jusqu’à présent, parmi les personnes qui ont été vaccinées, personne n’a été touché par la maladie« , a expliqué Guizhen Wu sur la télévision publique chinoise. « Jusqu’à présent, (le protocole de vaccination) fonctionne très bien. Il n’y a eu aucun effet secondaire. »
Ces propos corroborent les affirmations de CNBG la semaine dernière, selon lesquelles aucune des dizaines de milliers de personnes s’étant rendues dans des pays ou des régions à haut risque après avoir été vaccinées n’a été contaminée. Il n’y a en outre eu « aucun cas de réaction négative manifeste« , a dit CNBG.

Les risques d’effets secondaires

La Chine a vacciné plus de 100 000 personnes contre la Covid-19. C’est une vraie prise de risque de la part de Pékin, qui souhaite, à l’instar de la Russie et son vaccin «Spoutnik V», aller vite. Pourtant, cela peut s’avérer dangereux et injecter un vaccin qui n’a pas encore fait ses preuves à la troisième phase des essais cliniques peut avoir de lourdes conséquences.

L’approche chinoise contraste avec celle des pays occidentaux, où les experts mettent en garde contre l’autorisation en urgence de vaccins pour lesquels les essais ne sont pas terminés, faute de connaître précisément leur efficacité à long terme et leurs éventuels effets secondaires.

Anna Durbin, chercheuse à l’Université John Hopkins, qualifie le programme chinois de « très problématique« , jugeant impossible d’estimer l’efficacité de ces traitements sans recours à un groupe témoin dans le cadre d’un essai clinique.

« Vous vaccinez des gens sans savoir si cela va les protéger« , a-t-elle dit à Reuters.
Signe de cette différence d’approche avec la Chine, le laboratoire AstraZeneca a suspendu la semaine dernière des essais cliniques de son vaccin, considéré comme l’un des plus avancés, en raison de symptômes imprévus développés par un participant aux tests.

Les essais ont pu reprendre, depuis, en Grande-Bretagne mais, avec ses autres grands concurrents occidentaux, AstraZeneca s’est engagé à respecter les protocoles en matière de recherche scientifique et à ne céder à aucune pression politique pour hâter la commercialisation d’un vaccin.

La Russie est l’un des rares autres pays à autoriser un vaccin expérimental, son propre « Spoutnik V », rendu obligatoire pour certaines catégories de population, notamment les enseignants.

L’enjeu de la phase 3, ultime étape des tests, est d’identifier les effets secondaires que les deux phases préalables n’ont peut-être pas détectés, d’établir la balance bénéfices-risques du vaccin ainsi que de définir les précautions d’emploi.

Cette phase d’essai s’est avérée essentielle il y a quelques jours à peine. Un patient a mal réagi au vaccin élaboré par le laboratoire britannique AstraZeneca, alors dans la phase trois des essais. Le 8 septembre, le laboratoire a mis en pause les tests du vaccin, pourtant annoncé comme étant l’un des plus prometteurs.

Pour l’heure, le gouvernement chinois et Sinopharm n’ont rapporté aucun cas de personnes ayant eu des effets indésirables après l’injection de ces vaccins expérimentaux. Par ailleurs, aucun·e d’entre elles·eux n’aurait été infecté par le coronavirus depuis la vaccination.

Les Émirats arabes unis sont devenus cette semaine le premier pays à autoriser en urgence l’utilisation d’un vaccin de Sinopharm, six semaines seulement après le début de leurs propres essais chez l’être humain.

CanSino a été approché par plusieurs pays, a dit à Reuters une source informée des discussions en refusant de préciser lesquels. CanSino a prévu des essais au Pakistan et en Russie pour ce vaccin développé avec le département de recherche de l’armée.

 

Source : Reuters