Désormais, l’intelligence artificielle révolutionne la prise en charge de la dyslexie. Présentation des solutions technologiques pour un apprentissage adapté et inclusif.
Alors que la dyslexie représente un défi majeur pour de nombreux apprenants, l’intelligence artificielle (IA) ouvre la porte à des solutions prometteuses. Ces innovations technologiques pourraient bien transformer la manière dont nous percevons et traitons la dyslexie.
Comprendre la dyslexie
Les symptômes et les troubles spécifiques de la dyslexie varient en fonction de l’âge et de la sévérité du trouble. Certains des signes courants comprennent :
- Difficulté d’apprentissages comme pour apprendre l’alphabet, les nombres, les jours de la semaine entrainant un échec scolaire.
- Trouble du langage oral et écrit avec des problèmes à décoder les mots ou à les lire à haute voix.
- Inversion fréquente de lettres ou de syllabes dans les mots.
- Trouble de la lecture.
- Problèmes avec l’orthographe.
- Déficience à suivre des instructions écrites.
- Problème de mémorisation (surtout la mémoire de travail qui amène des troubles des apprentissages).
Fonctionnement du cerveau chez les personnes dyslexiques
Sur le plan cognitif, la dyslexie peut être comprise en examinant les processus mentaux qui sous-tendent la lecture et en identifiant où ces processus peuvent être déficients chez les personnes dyslexiques. Les recherches en neurosciences ont permis d’identifier certaines particularités dans le cerveau des personnes dyslexiques.
Différences structurelles : des études par imagerie cérébrale ont montré des différences dans la structure du cerveau des personnes dyslexiques par rapport aux lecteurs typiques. Ces différences sont souvent situées dans les régions impliquées dans le traitement du langage (l’aire de broca et les cortex auditifs droits et gauche du cerveau).
Différences fonctionnelles : lors de la lecture, les enfants dyslexiques activent certaines régions cérébrales de manière différente de celle des lecteurs non dyslexiques tout comme l’organisation des neurones dans les régions du cerveau liées à la lecture. Par exemple, ils peuvent moins solliciter les régions du cerveau liées au traitement des phonèmes (la capacité à reconnaître et à traiter les sons du langage).
Déficit phonologique : l’une des théories majeures concernant la dyslexie est le déficit phonologique. Cela signifie que les personnes dyslexiques ont du mal à segmenter les mots en leurs composants sonores individuels. Cette difficulté est liée à des anomalies dans les régions du cerveau responsables du traitement phonologique.
Connexions neuronales : les connexions entre les neurones, appelées synapses, permettent la transmission de l’information à travers le cerveau. Certaines recherches suggèrent que les connexions neuronales, en particulier dans les régions du cerveau liées au langage, peuvent être moins efficaces ou organisées différemment chez les personnes souffrant de troubles DYS ( dyscalculie, dyspraxie, dysorthographie, dysgraphie, dysphasie).
Compensations : bien que les personnes dyslexiques rencontrent des défis dans certaines régions cérébrales, elles peuvent également développer des mécanismes de compensation en utilisant d’autres zones du cerveau plus intensément pour améliorer la lecture.
Quelles sont les causes de la dyslexie
Bien que les causes exactes de la dyslexie restent un sujet de recherche, plusieurs facteurs sont identifiés :
- Génétiques : la dyslexie semble courir dans certaines familles, suggérant une composante génétique.
- Facteurs neurobiologiques : les différences dans la structure et le fonctionnement du cerveau sont souvent associées à la dyslexie.
L’IA : une réponse aux défis de la dyslexie
L’arrivée de l’intelligence artificielle dans le secteur éducatif ouvre de nouvelles perspectives pour les enfants dyslexiques ayant des troubles du langage écrit, des troubles de la lecture. Grâce à l’intelligence artificielle, il est désormais possible :
D’évaluer individuellement les élèves : des algorithmes sophistiqués peuvent identifier précisément où les enfants dyslexiques rencontrent des obstacles. Un formidable repérage pour une rééducation optimale de la dyslexie phonographique.
De proposer des solutions personnalisées : au lieu d’une approche unique, l’intelligence artificielle permet de créer des aménagements dans la scolarité de l’enfant ainsi que des parcours d’apprentissage sur mesure, s’adaptant aux besoins spécifiques de chaque élève ayant des troubles d’apprentissage.
De suivre les progrès en temps réel : avec des feedbacks instantanés, l’élève dyslexique peut voir ses améliorations et les zones nécessitant plus d’attention.
Des exemples concrets d’intelligence artificielle pour la dyslexie
Dysolve est l’un des acteurs majeurs de cette révolution qui a été développé en collaboration avec l’Université du Delaware en 2017. En utilisant l’IA pour évaluer les compétences de l’utilisateur, il propose des activités et des jeux adaptés pour aider à surmonter les défis liés à la dyslexie. Le but, tout comme le fait un orthophoniste, est de faire un diagnostique et d’évaluer la capacité de l’enfant à décomposer les mots en segments sonores.
C’est ainsi que des établissements scolaires et des familles à travers le pays expérimentent cet outil innovant conçu pour « dissoudre » les problèmes de traitement du langage liés à la dyslexie. L’outil est encore en phase de test, mais les écoles peuvent l’utiliser gratuitement, aux États-Unis. Dysolve propose également des abonnements payants pour les individus.
D’autres applications, comme « ReadAI » ou « DysHelper », utilisent également des algorithmes pour aider à la décomposition phonétique des mots, rendant la lecture plus fluide.
Sophie Madoun