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Des enfants en réanimation pour dysfonctions cardiaques

Des enfants en réanimation pour dysfonctions cardiaques c’est ce qui avait été tristement constaté en Espagne et Angleterre. Désormais, la France est également touchée : 25 enfants souffrent de défaillances cardiaques. Si le lien avec le Covid 19 n’est pas établie, la vigilance est de mise.

Même si le nombre reste très faible; 25 cas sur l’ensemble du territoire; les services de réanimation pédiatrique voient arriver des enfants en réanimation pour dysfonctions cardiaques.

Qu’est-ce que la maladie de Kawasaki?

 Fin avril, des services pédiatriques au Royaume-Uni, en France et aux États-Unis ont rapporté un petit nombre de cas d’enfants hospitalisés présentant une maladie inflammatoire systémique, dont les symptômes évoquent cette maladie inflammatoire rare. Dans le contexte épidémique actuel, l’émergence de ces signes cliniques et leur lien avec le Covid-19 interrogent. Ces enfants présentent des douleurs abdominales, une forte fièvre et des signes d’inflammation des artères pouvant faire penser à une maladie de Kawasaki atypique. Malgré un état de santé préoccupant lors de leur admission, une rapide amélioration est constatée.

La maladie de Kawasaki  est due à une inflammation des parois artérielles, accompagnée de fièvre entrainant un risque d’insuffisance cardiaque, d’arythmie et d’infarctus . Les scientifiques pensent que la maladie de Kawasaki pourrait être liée à une infection dus à plusieurs pathogènes pouvant-être saisonniers (spores, bactéries…) ainsi qu’à des prédispositions génétiques.

Rare, cette maladie aiguë est caractérisée par une inflammation de la paroi des vaisseaux sanguins, particulièrement ceux du cœur (les artères coronaires). Elle touche principalement les jeunes enfants avant l’âge de 5 ans. Bien que des cas aient été rapportés dans le monde entier, la maladie est plus fréquente dans les populations asiatiques. En Europe, 9 enfants sur 100 000 la déclarent chaque année, avec un pic annuel saisonnier en hiver et au printemps. Grâce à un traitement précoce à base d’immunoglobulines, la grande majorité des patients guérissent rapidement et ne conservent aucune séquelle. Par ailleurs, ils ne redéveloppent ensuite quasiment jamais la maladie.

Sa cause reste encore mal comprise, même s’il est aujourd’hui clair que la maladie de Kawasaki est liée à la présence de certains virus dans l’organisme. Son déclenchement a en effet été associé à plusieurs types d’infections virales, et notamment à des virus respiratoires ou entériques. La maladie observée chez les enfants qui en sont atteints serait une conséquence de la suractivation du système immunitaire suite à l’infection par l’un de ces virus. Des facteurs génétiques joueraient aussi un rôle majeur pour expliquer la vulnérabilité de certains enfants à la maladie.

Que peut-on dire sur les cas observés ces derniers jours ?
Il faut d’abord souligner que, parmi les cas identifiés dans les hôpitaux français ces derniers jours, les manifestations cliniques ne sont pas tout à fait les mêmes chez tous les enfants.

Un lien avec le Covid-19?

Si «beaucoup de ces enfants ont été testés positifs» au Covid-19, la société britannique des soins intensifs pédiatriques (PICS) indique néanmoins que «d’autres étaient négatifs». Dans le cadre des annonces du 1er Ministre, le 28 avril 2020, s’agissant du probable déconfinement à partir du 11 mai, la réouverture progressive des écoles et crèches pourraient être un vecteur d’accentuation de nouveaux cas.

Aussi, l’ANPDE appelle les professionnels ainsi que les parents à redoubler de vigilance face aux symptômes des enfants et à consulter rapidement un médecin le cas échéant. « La fièvre étant un signe clinique systématiquement présent dans ce syndrome, la surveillance de la température des enfants et la consultation d’un médecin le cas échéant est à conseiller pour tout parent ou professionnel exerçant dans le domaine de l’enfance et la petite enfance » rappelle Nadia Boutih, coordinatrice du Conseil Scientifique de l’ANPDE.

Trois présentations se distinguent :

Il existe une forte coïncidence entre l’apparition de ces cas et la pandémie de Covid-19, mais les patients n’ont pas tous été testés positifs. Plusieurs questions restent donc en suspens et font actuellement l’objet d’investigations plus poussées dans les services de pédiatrie.
On sait que le SARS-CoV-2 a été impliqué dans des lésions au niveau des vaisseaux sanguins atteignant de nombreux organes : poumons, système nerveux, reins et cœur. Les formes atypiques de Kawasaki et de myocardites sévères observées chez certains des enfants hospitalisés rappellent ce mécanisme, mais ce lien doit encore être exploré.
Autre interrogation : pourquoi ces formes n’ont-elles pas été décrites dans les études menées en Chine, foyer originel de la pandémie, alors que la maladie touche préférentiellement les populations d’origine asiatique ?

Pour l’instant, tous les enfants hospitalisés répondent favorablement aux traitements classiques de la maladie de Kawasaki, avec une évolution positive, mais les cas ayant nécessité des soins en réanimation requièrent en plus des traitements tonicardiaques (qui stimulent le cœur).

Quelles sont les prochaines étapes ?

La veille épidémiologique et les recherches sur le sujet doivent se poursuivre pour comprendre comment ces cas s’intègrent dans le contexte épidémique actuel. Seule une infime proportion a été hospitalisée avec des symptômes de la maladie de Kawasaki. De manière générale, les enfants sont très peu à risque de développer des formes graves de Covid-19. Comme chez l’adulte, les formes les plus sévères surviennent chez des enfants obèses.

Des études publiées dans des revues scientifiques à comité de lecture avancent des hypothèses pour expliquer pourquoi les enfants sont globalement peu touchés par le Covid-19. Elles portent en particulier sur l’absence du récepteur ACE2, auquel le SARS-CoV-2 se fixe pour infecter les cellules humaines. Ce récepteur est quasiment absent sur les cellules de l’enfant, apparaissant avec la maturation pulmonaire. Ces pistes de recherche doivent encore être confirmées afin de mieux comprendre l’impact de l’épidémie sur les plus jeunes.

Ces cas étant rares à ce jour, seule une minorité des enfants pourraient être concernés. Les enfants restent majoritairement peu symptomatiques face au covid.

 

Merci à Isabelle Kone-Paut, responsable de registre pour la base de données Orphanet de l’Inserm et pédiatre à l’hôpital Bicêtre (Hôpitaux universitaires Paris-Sud / AP-HP) pour la Maladie de Kawasaki

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