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Covid-19, le tocilizumab pourrait réduire le recours à la réanimation

La physiopathologie du COVID-19 est encore, à ce jour, incertaine et pas clairement définie. Pourtant, chez les patients sévères COVID-19 souffrant de détresse respiratoire aigüe, beaucoup d’éléments tendent à prouver que l’emballement du système immunitaire, sécrétant un trop plein de molécules cytokiniques – utiles en temps normal pour réguler l’action immunitaire – provoque une réaction hyper-inflammatoire causant d’importants dégâts sur des organes vitaux, au premier rang desquels les poumons. Le service de médecine interne de l’hôpital Foch pense le tocilizumab pourrait réduire le recours à la réanimation pourrait être efficace.

Le service de médecine interne de l’Hôpital Foch, utilise actuellement un traitement immuno-modulateur – le tocilizumab – et rend ses premières conclusions, très prometteuses pour la maitrise de cet emballement immunitaire.

Un emballement du système immunitaire à l’origine des détresses respiratoires aigües

Afin d’aider à réguler l’action immunitaire et favoriser la réaction inflammatoire de l’organisme, réponse naturelle à une agression, le système immunitaire fabrique et libère des molécules appelées cytokines. Pour autant, lorsque le système immunitaire s’emballe, ces molécules sont sécrétées en trop grande quantité et provoquent une réaction hyper-inflammatoire, à l’origine de l’attaque de plusieurs organes, notamment les poumons. C’est ce qu’on appelle « l’orage cytokinique ».

Les études réalisées en Chine et en Europe révèlent des taux sanguins élevés d’interleukines 6 chez les patients sévères COVID-19, possiblement à l’origine d’effets délétères majeurs comme le syndrome de détresse respiratoire aigüe sévère. Ces observations ont été corroborées récemment par le fait que des niveaux élevés dans le sang de protéine C-réactive (CRP), d’Interleukine 6 (IL-6) et de D-Dimères dès l’admission à l’hôpital étaient des facteurs de risque de mortalité.

Blocage de l’interleukine-6 : vers un traitement pour freiner la « tempête cytokinique » ?

Dès mars 2020, plusieurs équipes internationales ont suggéré que des médicaments immunosuppresseurs et/ou immuno-modulateurs soient étudiés dans le contexte de patients atteints de COVID-19 sévères présentant des signes forts d’inflammation biologique.

Le service de médecine interne de l’Hôpital Foch, dirigé par le Docteur Félix Ackermann, a réalisé une étude préliminaire compassionnelle auprès de 30 patients de moins de 80 ans atteints de COVID-19, nécessitant une oxygénothérapie de plus de 6L/min et se détériorant rapidement. Ces patients ont été traités entre mi-mars et début avril 2020. Les médecins ont administré par voie intraveineuse du tocilizumab. Le devenir des patients traités a été comparé à un groupe de patients dits « contrôles » correspondant à des patients de même sévérité n’ayant pas reçu ce traitement.

Le tocilizumab, dont le mode d’action est d’empêcher la liaison de l’interleukine-6 avec ses récepteurs membranaires et solubles, est principalement utilisé, dans le monde et depuis environ 10 ans, pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde mais également pour la maladie de Horton ou encore des situations rares d’orage cytokinique induit par des thérapeutiques hématologiques.

L’utilisation de ce traitement a permis d’observer chez les malades traités une nette réduction du recours à la ventilation mécanique, en comparaison aux 29 patients « contrôles » qui ne l’avaient pas reçu. De plus, les patients traités ont été beaucoup moins fréquemment transférés en réanimation.
Les équipes du service de médecine interne de l’Hôpital Foch ont constaté une très bonne tolérance à ce traitement, et très peu d’effets secondaires ont été signalés.

Ainsi cibler l’IL-6 par le tocilizumab, chez des patients COVID-19 sévère, pourrait freiner cette « tempête cytokinique » à l’origine de détresses respiratoires aigües. Ces résultats préliminaires sont plus qu’encourageants et soutiennent la promotion des efforts de recherche dans la lutte contre le COVID-19, en particulier en faisant diminuer le recours à la réanimation ou encore à la ventilation mécanique.

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