Dans un avis sur la vaccination des 5-11 ans rendu ce vendredi 17 décembre, le comité d’éthique (CCNE) approuve l’ouverture de la vaccination à tous les 5-11 ans.
(Mise à jour vendredi 17 décembre ) Les enfants à partir de 5 ans vont sûrement pouvoir être vaccinées contre le Covid-19. En effet, le comité d’éthique approuve l’ouverture de la vaccination à tous les 5-11 ans ce vendredi 17 décembre.
Laisser le choix aux parents
En revanche, le Comité consultatif national d’éthique a insisté sur le fait de laisser le choix aux parents, en excluant d’imposer un pass sanitaire aux enfants.
« Il est important de vacciner les enfants et que cette vaccination soit bien suivie », a déclaré lors d’une conférence de presse l’obstétricienne Alexandra Benachi, membre du CCNE, en présentant cet avis rendu jeudi au gouvernement, qui s’était engagé à le suivre.
A savoir : Selon une étude Elabe, 68% des parents d’enfants de 5 à 11 ans sont défavorables à la vaccination.
Le gouvernement devra donner son feu vert, très certainement lors du conseil de défense de ce vendredi.
Le CCNE insiste sur le fait que cet avis est rendu dans l’urgence, alors que de nombreuses incertitudes persistent en ce qui concerne les effets à long terme du vaccin. La vaccination des enfants de 5 à 11 ans avec comorbidité est déjà mise en œuvre.
Le CCNE considère que la vaccination des enfants de 5 à 11 ans sans comorbidités est acceptable sur le plan éthique dans le contexte actuel si :
- les données de sécurité « en vie réelle » provenant des pays ayant déjà débuté la vaccination s’avèrent rassurantes après un schéma vaccinal complet ;
- la mise en place de cette politique de vaccination se fasse dans le respect du choix éclairé des parents et sans contrainte ;
- cette campagne vaccinale ne soit pas organisée dans la précipitation, mais préparée avec les professionnels de santé et les parents d’élèves, afin de respecter les besoins spécifiques de l’enfant ;
- un suivi pharmaco-épidémiologique dans la tranche d’âge de 5 à 11 ans soit mis en place par les services de l’État avec une vision de moyen-long terme ;
- l’organisation de la vaccination des enfants n’interfère pas avec la dose de rappel chez des adultes, qui demeure indispensable et
En définitive, le CCNE insiste sur le fait que cette vaccination des enfants doit être une proposition et non une obligation, et ne doit pas être incluse dans un passe sanitaire
La HAS avait donné son accord pour les enfants les plus fragiles
L’EMA a autorisé le 25 novembre l’usage du vaccin contre la Covid-19 Comirnaty® de Pfizer chez les enfants âgés de 5 à 11 ans. Dans le contexte épidémiologique actuel et au vu des données disponibles, la Haute Autorité de santé rend un premier avis sur la vaccination des enfants de cette classe d’âge et la recommande pour tous ceux qui présentent un risque de faire une forme grave de la maladie et de décéder et pour ceux vivant dans l’entourage de personnes immunodéprimées ou vulnérables non protégées par la vaccination. Elle se prononcera ultérieurement sur la pertinence d’élargir cette vaccination après avoir auditionné les parties prenantes.
Le 25 novembre, le Committee for medicinal products for human use (CHMP) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) a accordé une extension d’Autorisation de mise sur le marché (AMM) au vaccin Comirnaty® de Pfizer (posologie pédiatrique de 10µg) pour les enfants âgés de 5 à 11 ans. C’est ainsi le premier vaccin à obtenir une autorisation chez l’enfant. Dans la foulée, la Haute Autorité de santé a analysé les données épidémiologiques (nombre de cas, sévérité, facteurs de risques) ainsi que les données disponibles sur l’efficacité du vaccin dans cette classe d’âge.
La HAS recommande la vaccination des enfants fragiles : ceux qui présentent un risque de forme sévère de la maladie et de décès et ceux qui vivent dans l’entourage d’une personne immunodéprimée ou vulnérable non protégée par la vaccination et n’ayant pas pu être vaccinée. En complément, la HAS recommande de renforcer la prévention de la transmission en milieu scolaire par le maintien des mesures barrières, l’aération régulière des locaux et l’utilisation périodique des tests de dépistage.
Une classe d’âge peu touchée par les formes symptomatiques qui connaît une très forte augmentation de l’incidence ces dernières semaines
Depuis quelques semaines, l’épidémie de SARS-CoV-2 connaît une reprise très rapide, avec un taux d’incidence en forte augmentation dans toutes les classes d’âge, y compris chez les enfants. Du fait de la vaccination des enfants âgés de 12 à 17 ans¹, la classe d’âge des 6 à 11 ans est désormais celle, parmi les enfants scolarisés, qui enregistre le taux d’incidence le plus élevé.
Les publications suggèrent que les enfants infectés par le SARS-CoV-2 présentent des symptômes moins sévères que les adultes et n’ont, dans la grande majorité des cas, pas besoin de soins hospitaliers. Ainsi, une fois l’infection déclarée, le risque de développer une forme grave chez l’enfant est près de 25 fois inférieur à celui des adultes².
Parmi les complications observées chez l’enfant, les « syndromes inflammatoires multi-systémiques pédiatriques » (PIMS) sont rares mais graves et nécessitent d’être détectés précocement pour enclencher une prise en charge hospitalière. Depuis le 2 mars 2020, 781 cas de PIMS ont été signalés par les pédiatres, 318 ont nécessité un séjour en réanimation et 199 en unité de soins critiques.
D’autre part, dans la plupart des études, les symptômes prolongés de Covid-19 (« Covid long ») chez les enfants ne persistent pas au-delà de 12 semaines, ce qui suggère qu’ils pourraient moins concerner les enfants et les adolescents que les adultes. Il est important de noter toutefois qu’il est difficile de différencier les symptômes prolongés de Covid-19 de ceux liés à un syndrome de « fatigue pandémique » et que les séquelles possibles à long terme demeurent encore inconnues.
Trois décès directement liés à la Covid-19 ont été recensés chez les enfants âgés de 5 à 11 ans depuis mars 2020.
Enfin, les comorbidités représentent, comme chez l’adulte, un risque de faire une forme sévère de la maladie chez l’enfant, même si cela survient rarement. L’étude PANDOR a ainsi montré que 21 % des enfants de 0 à 17 ans ayant souffert d’une forme sévère de Covid-19 pédiatrique présentaient des comorbidités alors que ces enfants ne représentent que 6 % de leur classe d’âge. Un premier travail conduit en Ile-de-France, incluant 106 cas de PIMS avec un lien confirmé avec la Covid-19, a quant à lui montré que 26 d’entre eux présentaient des comorbidités.
La HAS recommande la vaccination des enfants fragiles
Élargir dès maintenant la vaccination à trois sous-groupes d’enfants âgés de 5 à 11 ans
A la lumière de ces éléments et compte tenu de l’évolution de l’épidémie, la HAS considère que le bénéfice individuel de la vaccination est établi pour les enfants de 5 à 11 ans ayant des comorbidités et qui sont à risque de formes graves de Covid-19 et de décès. Au total, cela concerne un peu plus de 360 000 enfants en France.
Elle recommande aujourd’hui d’élargir dès à présent la campagne de vaccination par le vaccin Comirnaty® de Pfizer (avec une posologie adaptée de 10 µg) aux enfants qui présentent l’une de ces comorbidités :
- maladies hépatiques chroniques ;
- maladies cardiaques et respiratoires chroniques (y compris l’asthme sévère nécessitant un traitement continu) ;
- maladies neurologiques ;
- immunodéficience primitive ou induite par médicaments ;
- obésité ;
- diabète ;
- hémopathies malignes ;
- drépanocytose
- et trisomie 21.
La HAS recommande également d’inclure d’autres enfants à risque, même si les données scientifiques spécifiques à l’enfant sont encore limitées. D’une part, elle recommande de vacciner les enfants qui sont porteurs d’une des comorbidités identifiées chez les adultes comme étant associée à un risque de forme sévère de la maladie : cancer récent, maladie rénale chronique, handicap neurologique, etc.
D’autre part, elle recommande de permettre aux médecins spécialistes d’organes et des maladies rares de proposer la vaccination au cas par cas, à partir d’une évaluation individuelle du bénéfice-risque de la vaccination, s’ils estiment que l’enfant est particulièrement vulnérable face à une infection par le SARS-CoV-2, sans attendre de données publiées spécifiques.
En outre, conformément à la stratégie dite “de cocooning” déjà recommandée par la HAS et pour le bénéfice indirect que la vaccination apporte, il est préconisé de vacciner les enfants de 5 à 11 ans vivant dans l’entourage de personnes immunodéprimées ou celui de personnes vulnérables non protégées par la vaccination.
¹ Depuis le 15 juin 2021
² Ludvigsson JF. Systematic review of COVID-19 in children shows milder cases and a better prognosis than adults. Acta Paediatr. 2020;109(6):1088-95.
CCNE
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