Pourquoi les enfants souffrant de troubles DYSdyslexie, dyspraxie, dysorthographie, hyperactivité, etc. … – sont considérés comme des hauts potentiels aux Etats-Unis mais, sont, en France, en échec scolaire ? Comment identifier un enfant DYS dès la maternelle? Réponses.

On parle de 6 à 8 % d’élèves d’une classe d’âge ! Mais comment identifier un enfant DYS dès la maternelle et non pas au CE2 comme c’est trop souvent le cas, pour les aider à révéler leur potentiel. Et, ainsi, leur éviter la stigmatisation et l’exclusion sociale et scolaire. Maïthé Quintana , elle-même atteinte de dyslexie, de dyspraxie, de dyscalculie, de troubles du déficit de l’attention et d’hyperactivité, a transformé ses handicaps en forces pour devenir une femme d’affaires accomplie. Entretien.

Entretien avec Maïthé Quintana pour savoir comment identifier un enfant DYS dès la maternelle

Comment savoir si son enfant est atteint de troubles dys ?

Maïthé Quintana : Nous détectons des troubles dys par une observation fine de notre enfant sur sa capacité d’apprentissage. Dès qu’un doute apparaît, il est indiqué de consulter un spécialiste tel que : orthophoniste, ergothérapeute, psychomotricien, pédopsychiatre ou neuropédiatre pour faire le point sur les problèmes constatés.

S’il le juge nécessaire, il vous suggérera de vous rendre dans un centre des troubles de l’apprentissage, où un médecin pourra prescrire un bilan pluridisciplinaire, indispensable au diagnostic.  

Comment l’aider au quotidien sans culpabiliser ?

Maïthé Quintana : Nul n’est besoin de culpabiliser, un trouble dys est certes un handicap mais, une fois détecté, on peut palier aux inconvénients engendrés par ces troubles. Souvent, sans même avoir été détectés, les « dys » ayant une intelligence d’adaptation incroyable ont une réussite personnelle significative. Il existe différents articles, blogs, formations, groupes de soutien et d’échanges sur le sujet. 

Nous pensons que l’isolement n’est pas de mise. Échanger avec des parents de dys, des dys eux-mêmes peut nous permettre d’appréhender cette particularité. Ainsi, nous ne sommes plus les « victimes » de ce handicap mais nous devenons  acteurs dans la mise en place d’outils adéquats pour leur faciliter la vie au quotidien.

Pour exemple voici quelques « dys » célèbres : 

  • Dans la médecine : Cushing, Ehrlich, Friedman (neurochirurgien)…
  • Dans les arts et les lettres : Léonard de Vinci, Andersen, Rodin, Walt Disney, Tom Cruise, Woopy Goldberg, Nathalie Baye…
  • Dans le milieu scientifique : Thomas Edison, Albert Einstein…
  • Dans le milieu politique : JF Kennedy, W Churchill, Nelson Rockfeller…
  • Dans le milieu sportif : Jackie Stewart…

Comment l’école adapte-t-elle sa pédagogie à cet enfant qui n’entre pas dans les cases de l’Éducation Nationale ?

Maïthé Quintana : Nous constatons que nombre de professionnels de l’enseignement s’inscrivent à notre formation gratuite « No Tag »  concernant l’accompagnement de cette différence, c’est une prise de conscience des limites du format d’apprentissage actuel. Les choses bougent et tendent au changement et nous ne pouvons que nous en féliciter. Il ne faut pas perdre de vue, cependant, que les parents, en tant qu’éducateurs, doivent aussi prendre connaissance des outils dédiés aux troubles dys et mettre en place ces outils aussi dans la vie de tous les jours.  

Rien n’est figé, encore une fois chacun d’entre nous doit faire « son colibri » et apporter sa goutte d’eau à ce changement et à cette prise de conscience. Il ne faut jamais cesser de chercher des outils d’apprentissages.

Quels mécanismes les enfants – et adultes – DYS développent-ils pour compenser leur handicap ?

Maïthé Quintana : L’adaptabilité étant une grande part de l’intelligence des « dys », ils sauront utiliser tous les outils mis à leur disposition et en créer de nouveaux afin de s’adapter – même de façon inconsciente – à la société qui est la leur.  Il est important de mettre des mots sur ce trouble, car, sans cela, l’enfant/ l’adulte peut avoir l’impression d’être moins « bon » que ses pairs. Il peut alors se résigner et considérer qu’il ne rentre pas dans la norme sociale et de fait ne pas travailler ses différentes formes d’intelligence et ainsi ne pas trouver sa place dans la société.

Car, soyons clairs, il ne s’agit pas ici d’un manque d’intelligence bien au contraire, donc avant de trop s’inquiéter, accompagnons-les et surtout faisons-leur confiance.  Afin de générer de la confiance en soi, l’enfant peut passer les tests des multi-intelligences, nous en avons 8, et récupérer la boîte à outils afin que l’enfant se rende compte de ses Qualités (lien test gratuits).

N’oublions pas : un enfant Dys devient un adulte Dys !

 

L’académie de la Martinique s’engage dans l’école inclusive et dote les collèges de la Bibliothèque numérique accessible SONDO.

On estime que 8 à 10% de la population est touchée par les troubles dys, dont le plus courant, souvent associé à un ou plusieurs autres, est la dyslexie. Il est indispensable de savoir comment identifier un enfant DYS dès la maternelle. Car il s’agit d’« un trouble durable et persistant de l’acquisition du langage écrit chez un enfant, un adulte d’intelligence normale, scolarisé, vivant dans des conditions sociales conformes à la norme et sans trouble sensoriel ni psychologique. » (source : Apedys)

Ces troubles des apprentissages, souvent invisibles et mal compris, commencent à être mieux reconnus. La législation depuis une dizaine d’années va en effet dans le sens de l’inclusion des élèves porteurs de handicaps et de troubles. En France, le Code de l’éducation précise que le service public de l’éducation veille à l’inclusion scolaire de tous les enfants, sans aucune distinction. En juin 2019, le ministre de l’Éducation a annoncé un « grand service public de l’école inclusive » dès la rentrée 2019.

Pour répondre aux nouvelles exigences ministérielles et atteindre les ambitions de son projet académique, la Délégation Académique au Numérique Éducatif l’académie de la Martinique a décidé d’offrir une solution concrète à cette problématique en dotant sept collèges de la Bibliothèque SONDO.

L’académie de Martinique ambitionne dans son projet académique 2018-2022 de construire un climat scolaire propice aux apprentissages, d’améliorer la lutte contre le décrochage scolaire et l’absentéisme.
L’un des leviers de cette ambition est d’améliorer l’inclusion de tous les élèves par une meilleure prise en compte de la personnalité et du parcours de chaque élève. L’école doit s’adapter aux différences pour construire une société où chacun doit avoir sa chance

C’est dans cette logique que nous soutenons le projet SONDO de la société MOBIDYS en proposant à sept collèges volontaires de l’académie de participer à une expérimentation d’une bibliothèque numérique spécialement conçue pour les élèves à besoins particuliers, mais qui peut être aussi utile à tous les élèves.
Un atout supplémentaire qui nous a particulièrement intéressés est la possibilité de mettre à disposition des versions audio des manuels, notamment en langue étrangère. Cela répond également à d’autres objectifs de notre politique académique.
Enfin, l’adaptation possible d’ouvrages locaux nous intéresse particulièrement et les premiers échanges avec les membres de la société ont été très prometteurs. Nous partons confiants dans cette expérimentation et attendons avec impatience les premiers retours du cabinet chargé de l’évaluation du projet et de MOBIDYS. Christophe Smierzchalski Chargé de mission à la Délégation Académique au Numérique Éducatif (DANE)

La bibliothèque numérique SONDO offre aux élèves en difficulté de lecture un accès facilité aux mêmes ouvrages de référence, dans des formats adaptés aux dys. Pour renforcer l’autonomie et la valorisation de chacun, SONDO est accessible sans distinction à tous les élèves d’un collège. Libre à chacun de l’utiliser à sa façon et selon ses besoins.

Dans cette bibliothèque numérique (site ou appli), les collégiens trouvent leurs manuels scolaires en format audio et les romans étudiés en classe au format numérique FROG, adaptable pour les dys. Le format FROG, innovation sélectionnée par l’UNESCO, est un ebook proposant un menu d’une dizaine d’outils d’aides à la lecture – soutien audio, définitions, coloration des phonèmes, découpage par unités de sens etc. – qui peuvent être activés ou non, individuellement ou combinées, pour que chaque lecteur puisse choisir son confort de lecture en toute autonomie. Une autonomie nécessaire à la reprise de confiance en soi et à la découverte du plaisir de la lecture. Gageons que ce nouvel outil permettra de mieux lire et mieux apprendre au collège pour les dys, mais aussi les allophones, les déficients visuels, et tous les élèves qui ont besoin ou envie de lire autrement.

Verbatim d’enseignants utilisateurs :

« Le taux de couverture des manuels scolaires disponibles est impressionnant » une enseignante de Morne-Rouge

« Je ne pensais pas que les enfants dys avaient besoin d’autant d’outils. Mais maintenant qu’on me les expliquent je les trouvent pertinents » une enseignante de Morne-Rouge 

« Ouvrir à tous est vraiment la meilleure des choses qui peut arriver à l’ensemble des élèves » un enseignant de Rivière-Pilote 

 

 

 Sophie Madoun