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CANCER DU SEIN : L’Institut Curie engagé vers les nouvelles frontières de la recherche

CANCERS DU SEIN : L’Institut Curie engagé vers les nouvelles frontières de la recherche-santecool

Directeur délégué à l’enseignement de l’Ensemble Hospitalier, professeur de chirurgie à l’université Versailles Saint-Quentin.
Durée des droits : 5 ans (24 juin 2020)

La prise en charge des cancers du sein n’a cessé de progresser sur tous les fronts pour devenir de plus en plus personnalisée. Classification plus fine des différents types de cancers, diagnostic précoce de tumeurs de petites tailles, radiothérapie ultra-précise, chirurgie moins invasive et nouvelles techniques de reconstruction, carte d’identité des tumeurs et thérapies ciblées, détection de matériel tumoral circulant dans le sang pour prédire l’évolution de la tumeur ou la réponse aux traitements; Entretien avec le Pr Roman Rouzier.

 

 

 

15 % des cancers du sein sont encore de mauvais pronostic et touchent particulièrement les jeunes femmes. Fort de son expertise historique dans le domaine des cancers du sein, l’Institut Curie mobilise aujourd’hui l’essentiel de ses forces pour trouver de nouvelles solutions thérapeutiques.

De nouveaux traitements pour les cancers du sein triple négatifs : une priorité

C’est vers ces nouvelles frontières de la recherche dans le cancer du sein que l’Institut Curie se mobilise aujourd’hui. De nombreux efforts restent à fournir pour lutter contre les tumeurs agressives, à l’image des cancers triple négatifs qui représentent 15 % des cancers du sein et touchent des femmes plus jeunes. Le cancer du sein triple négatif présente un risque de métastases plus élevé et un pronostic plus défavorable que les autres sous-types. Se développant rapidement, il s’agit souvent d’un cancer d’intervalle (découvert entre deux contrôles) ou qui survient chez des femmes pas encore concernées par le dépistage.
De nombreuses recherches sont en cours pour identifier de nouvelles stratégies thérapeutiques. Pour cela, l’Institut Curie s’appuie sur l’expertise unique et mondialement reconnue de l’oncologue belge Martine Piccart qui va multiplier les recherches cliniques dans ce domaine en s’appuyant sur les dernières découvertes du Centre de recherche de l’Institut Curie, notamment les travaux très prometteurs de Fatima Mechta-Grigorou qui ont permis d’identifier un marqueur de sensibilité à la chimiothérapie et donc de comprendre en partie pourquoi les patientes atteintes de cancer du sein
triple négatif ne répondent pas toutes de la même façon à la chimiothérapie. De grands espoirs se portent également sur l’immunothérapie, pour laquelle l’Institut Curie ouvrira un centre dédié fin 2017. Nous menons également des recherches pour évaluer des combinaisons thérapeutiques (radiothérapie + inhibiteur de PARP).

 

L’hormonothérapie : 5 ou 10 ans de traitement

Certains cancers du sein sont sensibles aux hormones de la reproduction : celles-ci stimulent la croissance des cellules cancéreuses. Une hormonothérapie est ainsi prescrite dans 75% des cas de cancers du sein. Elle permet de bloquer l’action des hormones sur les cellules tumorales surexprimant les récepteurs hormonaux (oestrogènes et progestérone) et empêche ainsi la tumeur de proliférer.
Dans la majorité des cas, elle est administrée en situation adjuvante (après d’autres traitements comme la chirurgie) et vise à limiter le risque de récidive. Chez les femmes pré-ménopausées, il s’agit du tamoxifène et chez les femmes post-ménopausées des inhibiteurs d’aromatase.
L’hormonothérapie est le plus souvent très efficace puisque nous observons 50% de récidive en moins grâce à ce traitement. L’enjeu aujourd’hui est d’adapter la durée de l’hormonothérapie, 5 ans, 10 ans, voire plus, selon le niveau de risque de chaque patiente. Or c’est une question importante pour la qualité de vie des femmes : certains effets secondaires peuvent apparaître, tels que bouffées de chaleur, sécheresse vaginale ou baisse de la libido. Par ailleurs, la question de l’observance du traitement se pose également sur des prises de longue durée entrainant des effets secondaires importants sur la vie des femmes. Un projet d’étude est en cours à l’Institut Curie avec le Dr Paul Cottu pour mieux identifier les malades concernées par une prise de 10 ans ou plus et pour obtenir des données sur leur qualité de vie.

 

Dépistage : détecter des tumeurs plus petites

Depuis quelques années, le dépistage fait l’objet de débats et de polémiques récurrentes car il serait source potentielle de sur-diagnostics et de sur-traitements1.
Selon moi, il ne faut pas remettre en cause le dépistage organisé, dont aucun pays développé ne se prive, mais évaluer scientifiquement une potentielle désescalade thérapeutique dans les cancers du sein in situ. Il faut retenir qu’il permet de détecter, grâce à une mammographie de meilleure qualité et une double lecture des clichés, une tumeur de moins de 2 cm, sans atteinte ganglionnaire, puis de la traiter sans chimiothérapie et en conservant le sein dans 85 % des cas environ. Chez les femmes ayant été dépistée, le taux de mastectomie est de 15% et nous recourons à la chimiothérapie dans 29% des cas. Chez celles qui n’ont pas participé au dépistage, le taux de mastectomie monte à 25% et le traitement par chimiothérapie est prescrit dans 44% des cas. Le bénéfice du dépistage est également confirmé par une étude de l’Institut Curie : depuis 1980, le taux de mortalité est passé de 30-35 % à 7-10 %, un résultat obtenu pour moitié grâce au dépistage et pour moitié aux progrès thérapeutiques.
Le risque de sur-diagnostiquer et de sur-traiter existe avec le cancer intra-canalaire (in situ) et la communauté scientifique en a conscience. Avec le dépistage organisé, on estime que 10 à 20% des cancers seraient sur-diagnostiqués, ce qui peut amener à sur-traiter chez les femmes les plus âgées des tumeurs qui ne se seraient pas nécessairement développées. Mais nous ne savons pas bien identifier les cas qui vont ou ne vont pas évoluer. Il faut donc traiter toutes les patientes.

 

Octobre Rose à l’Institut Curie


« Chuis pas docteur » : la reconstruction mammaire expliquée à tous par Lili Sohn

L’Institut Curie et l’illustratrice Lili Sohn s’associent pour lancer « Chuis pas Docteur », une série pour expliquer le cancer et, surtout, les traitements du cancer. Premier sujet : 5 vidéos pédagogiques au ton résolument décalé sur la reconstruction mammaire.
Diep, reconstruction par lambeaux, lipomodelage… Ces vidéos courtes (3 à 4 minutes) abordent une grande partie des questions autour de la reconstruction mammaire en la dédramatisant par l’humour. Une arme pratiquée de longue date par l’illustratrice elle-même opérée d’un cancer du sein avant l’âge de 30 ans. Retrouvez d’ores et déjà sur Youtube les deux premières vidéos consacrées à la reconstruction mammaire avec la technique du DIEP et celle du lambeau grand dorsal.

Tricotons ensemble un ruban rose contre le cancer !

Au printemps, l’Institut Curie lançait un défi solidaire : tricoter le ruban rose le plus long possible pour sensibiliser au dépistage du cancer du sein ! Cette oeuvre collaborative, imaginée par des patientes, a mobilisé des patients, leur entourage, des associations partout en France, les personnels de l’Institut Curie…
Elle sera installée vendredi 29 septembre à 10h30, comme coup d’envoi d’Octobre Rose, sur les bâtiments de l’Institut Curie rue d’Ulm à Paris, en présence de Sophie Thalmann, marraine de l’opération, animatrice TV et co-fondatrice de l’Association Les Bonnes Fées, et de participants et associations ayant contribué à cette chaîne de solidarité.

Retrouvez toutes les informations sur l’opération « Tricote-moi un ruban rose » sur le site internet www.curie.fr

Vente aux enchères caritative « Des femmes donnent aux femmes, des hommes aussi ! »

L’Institut Curie s’associe à la maison de ventes Art Valorem et à l’Hôtel des Ventes Drouot pour la 6e édition de la vente « Des femmes donnent aux femmes, des hommes aussi ! ». Elle réunira de nombreux noms du design, du spectacle et des arts qui proposeront à la vente des objets personnels, dont les bénéfices serviront à développer des programmes innovants sur le cancer du sein à l’Institut Curie. Toutes les informations sur la vente sont disponibles sur le site internet de l’Institut Curie.
Rendez-vous jeudi 5 octobre 2017 à 19h30 à l’Hôtel des ventes Drouot et sur www.drouotlive.com

 

 

1 Même si selon une étude canadienne souvent citée, la mammographie ne réduirait pas la mortalité, une méta-analyse, portant sur 11 essais randomisés réalisés à travers le monde, montre une baisse de 20 % de la mortalité grâce au dépistage précoce

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