Une nouvelle étude[1] publiée ce jour par l’équipe de recherche de Christian Vélot, généticien moléculaire à l’Université Paris-Sud[2], montre que les perturbations provoquées par le Roundup® au niveau cellulaire se manifestent à des doses pour lesquelles il n’y a pas encore d’effet visible à l’échelle de l’organisme entier.
L’étude, publiée dans la revue internationale Environmental Science and Pollution Research, a été réalisée sur un champignon du sol (Aspergillus nidulans), utilisé comme un marqueur de la santé des sols agricoles. Cette recherche a consisté à recourir à des analyses dites à haut-débit pour comparer quantitativement et qualitativement l’ensemble des protéines présentes dans les cellules du champignon ayant été exposé au Roundup®, à celles présentes dans les cellules du même champignon non exposé. Le Roundup® testé est la formulation « grande culture » (“GT Plus”) contenant 450 g/l de glyphosate (son principe actif herbicide déclaré), et la dose d’exposition choisie correspond à la concentration maximale pour laquelle aucun effet macroscopique n’est observé (dose appelée NOAEL : No-Observed-Adverse-Effect-Level).
« Les résultats montrent que même à cette faible dose, le Roundup® provoque une modulation de la quantité d’environ 6% des protéines détectées, affectant principalement le processus de détoxification cellulaire et de réponse au stress, la synthèse des protéines, le métabolisme des acides aminés[3], et le métabolisme énergétique et respiratoire. » déclare C. Vélot, en charge de cette étude.
« Ces données montrent que, indépendamment de l’organisme exposé, les perturbations métaboliques dues aux résidus de pesticides peuvent se manifester à des doses d’exposition pour lesquelles il n’y a pourtant aucun effet toxique visible, telles que les doses agricoles utilisées sur les plantes génétiquement modifiées (PGM) tolérantes au Roundup®. » conclut-il.
Rappelons que toutes les plantes génétiquement modifiées (PGM) dans le monde sont évaluées suivant le principe d’équivalence en substance, qui stipule qu’« Un aliment […] nouveau peut être traité, du point de vue de la sécurité, comme un aliment ou constituant alimentaire existant, dès lors que les deux sont semblables ». Concrètement cela signifie que ce principe ne tient pas compte des éventuels effets dus à la présence dans les cellules de la plante de l’herbicide avec lequel elle est arrosée. Pourtant, ce principe est utilisé pour déclarer que les aliments provenant d’une PGM sont aussi sûrs et nutritifs que ceux provenant de la plante conventionnelle correspondante…
Pour mémoire la plupart de nos animaux d’élevage sont nourris avec du tourteau de soja génétiquement modifié tolérant au Roundup® , importé du Brésil et d’Argentine, et considéré équivalent en substance au soja conventionnel. Notre étude révèle la nécessité de soumettre ces PGM à des études moléculaires et métaboliques approfondies avant toute décision de maintien ou de mise sur le marché.
Sources des dangers du Roundup®
[1] http://link.springer.com/article/10.1007/s11356-017-0217-6.
[2] Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un projet de recherche participative (http://www.picri- ogm.fr/) en partenariat entre l’Université Paris-Sud, et les associations Générations Futures et le Criigen.
[3] Molécules constitutives des protéines
Générations futures