Dans le cadre du plan de sobriété énergétique dont la règle est de se chauffer à 19°C et qui s’applique aussi bien aux entreprises qu’aux particuliers, les sanctions ne sont heureusement pas encore d’actualité. Pourtant, cette question est déjà à l’étude dans d’autres pays européens, comme c’est le cas pour la Suisse où des cantons demandent des sanctions uniformisées à l’échelle du pays au cas où les règles fédérales ne seraient pas respectées. Si une police des températures venait à se créer en France, comment réagiraient les Français ?
Les français favorables à des sanctions en cas de non-respect de la sobriété énergétique, les chiffres clés :
41 % sont pour punir autant les particuliers que les entreprises
67 % des Français se sentent très anxieux à l’approche de l’hiver
44 % ont allumé leur chauffage dernièrement et 37 % depuis plusieurs jours
Oui aux sanctions !
Plus de 68 % des Français estiment qu’il serait bénéfique de sanctionner toutes les personnes qui ne respectent pas la règle de sobriété énergétique des 19°C maximum. 27 % sont contre ce genre de pratique et 5 % préfèrent ne pas se prononcer sur la question.
Pensez-vous qu’il faille sanctionner les personnes qui ne respectent pas le chauffage à 19°C ? | |
Réponses | Pourcentages |
Oui | 68 % |
Non | 27 % |
Ne se prononce pas | 5 % |
Qui sanctionner ?
En revanche, les Français sont plus divisés sur les profils des sanctionnés. En effet, la majorité, soit 41 % pense qu’il faut punir aussi bien les particuliers que les entreprises alors que 21 % ne cibleraient que les professionnels et 12 % uniquement les particuliers.
Selon vous, qui doit faire l’objet d’amendes ? | |
Réponses | Pourcentages |
Les particuliers | 12 % |
Les entreprises | 21 % |
Les deux | 41 % |
Aucun des deux | 26 % |
Une amende de combien en cas de non respect de la sobriété énergétique ?
En pratique, les entreprises peuvent déjà être sous le coup de la loi depuis l’arrêté du 25 juillet 1977 paru au Journal officiel, ainsi que dans l’article 241-25 du Code de l’énergie indiquant une limite de 19°C dans les locaux. Ainsi en théorie, les sociétés qui ne se soumettent pas à cette réglementation peuvent être sanctionnées de 1 500 euros d’amende et de 3 000 euros en cas de récidive. Seulement 17 % des Français semblent connaître le montant de cette première amende.
Que risquent selon vous les entreprises à l’heure actuelle ? | |
Réponses | Pourcentages |
Rien du tout | 20 % |
Une amende de 500 euros | 3 % |
Une amende de 1 000 euros | 9 % |
Une amende de 1 500 euros | 17 % |
Une amende de 2 000 euros | 15 % |
Une amende de 2 500 euros | 13 % |
Une amende de 3 000 euros | 9 % |
Je ne sais pas | 14 % |
Un climat froid… et anxiogène !
Voici quelques chiffres issus de l’étude :
-
38 % des personnes interrogées se sentent plus déprimées en raison du climat économique actuel.
-
25% voient leur sommeil perturbé par les inquiétudes liées à l’augmentation du coût de la vie.
-
Un travailleur sur quatre a déjà pris au moins un jour de congé maladie en 2022 à cause d’un mauvais sommeil.
A l’approche de cet hiver, plus de 67 % des Français avouent se sentir très anxieux. Ce climat social pour le moins glacial est renforcé par 25 % des personnes interrogées qui se déclarent moyennement sereines contre 8 % qui se sentent plutôt positives.
Comment vous sentez-vous à l’approche de l’hiver ? | |
Réponses | Pourcentages |
Je suis serein(e) | 8 % |
Je suis moyennement serein(e) | 25 % |
Je suis anxieux(se) | 67 % |
Froid moi ? Jamais !
Avec l’arrivée de températures plus basses, les Français ne semblent pas avoir attendu pour remettre leur chauffage en route. Ainsi, 44 % avouent l’avoir rallumé dernièrement mais 37 % l’ont déjà fait depuis plusieurs jours ! Seulement 19 % tiennent encore le coup, sans doute avec une bonne réserve de pullovers.
Avez-vous déjà remis en route votre système de chauffage ? | |
Réponses | Pourcentages |
Oui depuis plusieurs jours | 37 % |
Oui dernièrement | 44 % |
Non pas encore | 19 % |
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SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE
Comment réduire collectivement notre dépendance à l’énergie, pour créer les conditions d’une répartition à la fois plus équitable, et plus conforme aux limites écologiques ?
Face à la crise écologique globale, la transition énergétique est aujourd’hui devenue un enjeu crucial pour les démocraties modernes. Pourtant, l’essentiel des politiques de transition mises en œuvre restent animées par un idéal d’abondance énergétique, et concentrent leurs efforts sur les aspects techniques du problème : gains d’efficacité et promotion des renouvelables. Mais n’est-ce pas aussi l’idéal d’abondance énergétique lui-même qui mériterait aujourd’hui d’être questionné ?
La notion de sobriété énergétique, qui émerge péniblement dans le discours public depuis les années 2000, cristallise les doutes contemporains quant au degré réel de compatibilité entre abondance énergétique et limites environnementales. Elle permet d’insister sur la dimension politique et sociale de la transition énergétique, lorsque les démocraties modernes se heurtent aux contraintes matérielles posées par la finitude des ressources et le réchauffement global. Elle fait apparaître l’importance qu’il y aurait à préserver ou renforcer l’équité sociale dans la confrontation collective aux limites, par une répartition plus équitable des efforts de réduction des consommations énergétiques. Elle pose enfin la question décisive du rôle des institutions démocratiques dans la conception et la mise en œuvre de politiques de transition énergétique qui assumeraient davantage la perspective de la fin de l’abondance énergétique.
Sur la base d’enquêtes de terrain, cet ouvrage propose une analyse interdisciplinaire, associant science politique, sociologie, marketing et anthropologie, des enjeux sociaux et politiques de la transition énergétique. Il contribue ainsi à mettre en débat la portée politique, la pertinence sociale et la nécessité écologique de la sobriété énergétique.
Sobriété énergétique, Bruno Villalba et Luc Semal – Éditions Quae, 39 euros
* Méthodologie : Enquête réalisée auprès de 1 002 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Sondage effectué en ligne à partir du panel de répondants BuzzPress (27 000 personnes en France). Entre le 3 et le 7 octobre 2022, un sondage électronique a été envoyé par email et publié en ligne sur les réseaux sociaux Facebook et LinkedIn. Les réponses ont ensuite été compilées et pondérées en fonction de quotas préétablis visant à assurer la représentativité de l’échantillon et afin d’obtenir une représentativité de la population visée.
Toutes les pondérations s’appuient sur des données administratives et sur les données collectées par l’INSEE.