A l’heure où notre alimentation, notamment notre consommation de viandes, fait l’objet de nombreux débats, l’une des missions du Groupement d’Intérêt Scientifique Elevages Demain (GIS), est d’éclairer le débat public à partir de faits et de connaissances développées par des approches rigoureuses et de proposer des pistes de progrès pour tendre vers un élevage plus vertueux. C’est dans ce contexte qu’il présente sa nouvelle étude sur l’ « efficience nette des élevages » qui démontre que les élevages ont une capacité de production bien plus élevée que généralement prétendu, relativisant ainsi le constat d’une forte compétition entre alimentation animale et humaine. Ces nouvelles données amènent à penser différemment nos systèmes de production pour prétendre à un élevage plus vertueux à l’avenir.

 

 

Des systèmes d’élevage plus efficients que généralement prétendus



La production et la consommation de viande sont aujourd’hui des sujets à l’origine de nombreux débats de société notamment en ce qui concerne la prétendue inefficience des productions animales présentées comme d’importantes consommatrices de ressources. Afin d’éclairer précisément ce volet, le Groupement d’Intérêt Scientifique (GIS) Élevages Demain présente sa nouvelle étude sur l’efficience nette des élevages pour nourrir les Hommes.

L’efficience alimentaire d’un élevage est le rapport entre les produits animaux (lait, viande, œufs) de l’élevage et leurs consommations de ressources végétales (herbe, céréales, protéagineux, coproduits végétaux, résidus de cultures…) (ou concurrence feed / food).

L’Homme étant incapable de manger une grande partie (en fait l’essentiel) de la biomasse végétale produite (l’herbe, les coproduits des filières végétales comme les pulpes après extraction du sucre des betteraves, les tourteaux après extraction de l’huile des graines, les drèches de brasseries, etc.), la compétition entre l’alimentation animale et l’alimentation humaine ne doit pas se calculer en considérant toutes les protéines (ou l’énergie) consommées par les animaux mais uniquement les protéines (ou l’énergie) végétales consommables par l’homme et qui ont été consommées par les animaux.

Les données jusqu’ici à notre disposition ont toujours mis en évidence un manque d’efficience de l’utilisation des productions végétales à des fins d’alimentation des animaux. Il est ainsi généralement admis que 3 à 10 kg de protéines végétales (toutes confondues) sont nécessaires pour produire 1 kg de protéines animales.

Par le nouvel indicateur d’efficience nette, l’étude fait apparaître qu’il faut en fait entre moins de 0,5 à 3 kg de protéines végétales consommables par l’homme pour produire 1 kg de protéines animales consommables. La production animale peut contribuer de manière importante à la fourniture de protéines et d’énergie pour l’Homme et certains élevages produisent même beaucoup plus de protéines qu’ils n’en consomment. C’est notamment le cas des vaches laitières, lorsqu’elles sont alimentées comme des ruminants, avec de l’herbe.

Une base de réflexion plus solide sur l’élevage vertueux

Partant des résultats de cette étude, le GIS Elevages Demain tire trois enseignements majeurs sur la manière dont il faudrait aujourd’hui appréhender l’élevage afin qu’il devienne plus vertueux.

L’étude révèle en premier lieu que la capacité de production des élevages ne se joue pas au niveau des performances de l’animal mais bien au niveau du système d’élevage et des pratiques d’alimentation des animaux correspondantes. Ainsi, il ne s’agit pas seulement d’améliorer la performance et la production de chaque animal mais aussi de mieux valoriser les différents produits végétaux non consommables ou non consommés par l’Homme et qui sont à disposition. De nombreuses innovations en termes de techniques d’élevage peuvent alors être envisagées.

Ces résultats interrogent en second lieu sur le sens donné au progrès dans l’élevage depuis une cinquantaine d’années où l’on a privilégié l’intensification de la production (au sens de la production par animal) au détriment de son efficience nette en donnant de plus en plus d’aliments nobles à l’animal.

Enfin, les résultats obtenus devraient encore être modulés par le fait que les protéines animales ont des qualités nutritionnelles beaucoup plus élevées que les protéines végétales et qu’il faut ingérer 15 à 25% de protéines végétales en plus des protéines animales pour couvrir les besoins nutritionnels journaliers de l’Homme. Par ailleurs, ces calculs ne considèrent que le volet de l’alimentation mais les animaux produisent aussi beaucoup de protéines non consommables et qui entrent dans des chaînes créatrices de valeur (aliments petfood, oléochimie, pharmacie, gélatine, tannerie, laine, produits cosmétiques etc.).

Cette étude apporte ainsi un nouveau regard sur la performance de nos élevages et illustre la vision d’un élevage vertueux qu’entend porter le GIS Elevages Demain.