Vieillir est généralement considéré comme une dégradation progressive de l’organisme liée à l’accumulation de dégâts qui, avec le temps, altère les fonctions de tous les organes. En dehors de rares cas de maladies mono géniques comme la progéria, le vieillissement humain est lié à d’innombrables gènes (polygéniques), permettant d’atteindre des âges très élevés, comme Madame Jeanne Calment décédée à 122 ans. Alors, vieillir peut-on vieillir sans devenir vieux? Réponses.

Peut-on vieillir sans devenir vieux? Grande question surtout si le rêve est de vieillir en bonne santé.

Comment expliquer cette variabilité de longueur et de qualité du vieillissement ?

Elle est liée à l’expression spécifique de notre patrimoine génétique :
Environ un quart de nos gènes ont une expression invariable tout au long de la vie.
• Un autre quart de l’expression de notre patrimoine génétique est modulé au cours de la vie en fonction de notre histoire familiale, de notre culture, de notre religion, et surtout de notre niveau d’éducation et de notre environnement de vie.
L’autre moitié de notre patrimoine génétique est modifiable tout au long de la vie en fonction de la qualité/quantité de notre nutrition, de l’intensité de nos activités physiques et surtout des styles de vie et comportements que nous adoptons au cours de notre existence.
Ces connaissances scientifiques récentes montrent que la qualité de notre propre vieillir dépend de chacun d’entre nous et surtout de notre propre implication dans ce processus qui débute dès notre conception et se termine plus ou moins tard dans notre vie. Il va sans dire que vivre dans un pays en conflit et/ou vivre dans une grande précarité sont des éléments qui vont beaucoup interagir avec ce processus du vieillir.
La première phase de vie in utero, la naissance, l’enfance, l’adolescence devraient permettre à tous un développement optimal avec une accumulation de réserves physiologiques qui interviendront tout au long des étapes du vieillissement.
L’âge adulte, celui de l’amour mais aussi du travail, de la production, de l’accumulation des biens est la plupart du temps négligé sur le plan sanitaire et pourtant, il joue un rôle majeur.
C’est durant la seconde grande période de vie que les risques d’un vieillissement accéléré interagissent insidieusement. Suivent les premiers signes du vieillir, période pendant laquelle l’adulte vieillissant devient un jeune vieux, puis un vieux, un grand vieux et parfois même un très grand vieux. C’est durant cette période que certains regrettent leur sédentarité, la négligence du contrôle de leur poids, de leur consommation en sel ou en sucre ou leur absence de stimulation intellectuelle. C’est seulement alors qu’ils réalisent que des modifications mineures de leurs habitudes auraient certainement profondément changé le poids des années de vie.
« Vieillir sans devenir “vieux” », c’est le thème retenu par Groupe Pasteur Mutualité pour son colloque 2017 car il devient maintenant évident que l’important est de vieillir en fonctionnant de façon optimale dans la vie quotidienne jusqu’au très grand âge, pour continuer à favoriser les choix de vie les plus importants pour chacun de nous dans un environnement de vie favorable et facilitateur.
Pr Jean-Pierre Michel, Université de Genève et Académie nationale française de médecine