Les-Jardiniers-de-la-nature-santecoolA l’aune du constat du réchauffement climatique et de la destruction de la forêt amazonienne, l’éthnoécologue Serge Bahuchet propose dans son nouvel ouvrage * un regard nouveau sur les rapports entre les sociétés humaines et la biodiversité. En partant de cette interrogation fondamentale : L’homme est-il destructeur ou producteur de diversité biologique?, il montre combien les rapports entre la nature et l’homme se sont distendus, au point que la nature nous semble aujourd’hui hostile.

 

La nature est en danger. Pour autant, derrière les fameuses images de déforestation de la forêt amazonienne et d’ours blanc dérivant sur la banquise, l’idée-même que nous nous faisons de la nature est obsolète.

Certes, la forêt est victime de la cupidité humaine, et l’ours du réchauffement climatique que notre révolution industrielle a provoqué, mais il serait absurde d’opposer l’homme industrieux et cynique à la nature vierge. Cette dernière est un mythe, Homo erectus l’ayant dès l’origine modelée à sa convenance, et l’homme sait bien qu’il ne doit sa survie qu’à une alimentation riche et variée — ce qu’on appelle la biodiversité.

Pour le montrer, Serge Bahuchet,  Professeur au Museum d’histoire naturelle, spécialiste de l’étude des relations entre les sociétés et les forêts tropicales nous entraîne dans un extraordinaire et passionnant voyage aux sources des pratiques agricoles et culinaires, des espèces de pommes de terre péruviennes à la chasse au porc-épic chez les Pygmées, de la domestication de la carpe aux propriétés bactéricides du piment, des civilisations du vin et de celles de la bière à ces grands défricheurs des forêts que furent les moines cisterciens et bouddhistes.

Cette « anthropologie de la vie quotidienne » éclaire puissamment nos modes de vie ordinaires, révélant le complexe écheveau d’interdépendances qui le sous-tend et lie étroitement nos problèmes d’Occidentaux à ceux des autres peuples, singulièrement aux deux-tiers dont l’ordinaire est notoirement insuffisant. Sauver la forêt amazonienne, c’est aussi œuvrer pour la justice sociale. Mieux manger, et favoriser la biodiversité, c’est aussi favoriser les progrès de la démocratie. La nature sera ce que nous voulons en faire.

 

*Les Jardiniers de la nature, Serge Bahuchet – éditions Odile Jacob

En librairie le 27 septembre 2017