AMOUREUSE

Rappelez-vous. Vous venez de le rencontrer. Votre cœur bat la chamade. Vous ne pensez qu’à lui. Vous voulez être avec lui tout le temps. Vous n’avez plus faim. Etc, etc. Ca nous est arrivé à toute. Mais que faire lorsque que nous papillons à longueur d’année ?

Un cerveau déréglé

Le sentiment amoureux est un véritable chamboulement hormonal. Ces hormones sont produites par une petite zone située en bas et au centre de notre cerveau : l’hypothalamus. C’est lui le centre nerveux de la passion. Et lui qui met tout en œuvre pour que l’on éprouve les réactions physiques comme l’accélération du rythme cardiaque, de la respiration, de la perte d’appétit et du sommeil…  

Les circuits récompenses fonctionnent à plein régime avec deux neurotransmetteurs ; substances libérées par les neurones : la dopamine, les endorphines et l’ocytocine. La première est responsable de la motivation ; c’est elle qui nous pousse à agir pour obtenir ce que l’on veut. Les endorphines, quant à elles renforcent le plaisir, la satisfaction quand on a eu ce que l’on voulait. Enfin, l’ocytocine (celle-là même que sécrète la mère avec son enfant) nous amène à nous attacher à l’autre.

Résultat, l’amour ressemble furieusement à la drogue. Il y a dépendance et obsession. On pense, en moyenne 4 heures par jour. Bref, on est accro ! D’où la comparaison que font certains scientifiques avec le trouble obsessionnel.

Un sentiment infantile

Toutes nos rencontres réactivent de manière inconsciente notre mémoire affective. Nous cherchons à revivre des émotions vécues dans notre petite enfance : la fusion. A réparer, inconsciemment, la perte de l’être aimé. L’être aimé étant notre premier amour : notre mère.

A chaque fois que nous tombons amoureuses, nous pensons vivre quelque chose de nouveau, mais nous ne sommes en fait que dans la répétition. Nous tentons de combler un manque.

En vain.

Résultat, beaucoup de personnes courent après ce sentiment en changeant régulièrement de partenaire. Une impasse qui empêche de construire une relation durable. Et qui amène régulièrement la déception. On gomme ses défauts. Et Jules est sur un piédestal dont il tombe immanquablement. Et nous aussi !

Car ces rencontres à répétition ne sont qu’un feu de paille. La frustration n’est pas de mise. On n’accepte pas l’Autre tel qu’il est mais tel que l’on souhaite le voir. Le rêver. Se rendre compte que l’autre n’est pas parfait est insupportable à l’addict de l’état amoureux. Et faire des compromis lui est littéralement impossible. L’addict est un grand rêveur et, comme le déclare J-D Nasio « Ceux qui tombent sans cesse en amour sont de grands rêveurs, ils se sentent bien dans l’univers de l’imaginaire. Ce sont la plupart du temps des personnes très actives et très rationnelles ».

Un moyen comme un autre de s’évader de la pression et de l’aspect matériel de notre quotidien. Et peu importe, les conséquences : le but est de vivre un état hypnotique. Dans l’illusion.

A lire :

Où est passé l’amour ? Lucy Vincent – Odile Jacob, 20,80 euros.

Le cerveau magicien, Roland Jouvent – Odile Jacob, 23 euros.